Le Devoir

La Journée mondiale du livre ne sera plus canadienne

Faute de financemen­t de Patrimoine canadien, il n’y aura pas d’édition de l’événement l’an prochain

- STÉPHANE BAILLARGEO­N

Le ministère du Patrimoine n’appuie plus la tenue de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur au Canada par manque de fonds. En plus, le volet Soutien aux organismes du Fonds du livre du Canada priorise dorénavant les activités qui favorisent « la commercial­isation et la promotion des livres » tout en renforçant « l’infrastruc­ture et l’efficacité de l’industrie canadienne du livre », selon les réponses obtenues par Le Devoir. Or, l’événement ne cadre pas avec ces visées.

La Journée mondiale du livre, création de l’UNESCO pour encourager la lecture, ne connaîtra pas d’ancrage canadien le 23 avril prochain. Patrimoine canadien a retiré sa subvention cette année après l’avoir réduite de 75 000 à 50 000 $ l’an dernier.

Le comité organisate­ur canadien de l’événement ponctuel, décliné dans plusieurs pays du monde, avait été averti de la disparitio­n du soutien. Aucun acteur important du milieu du livre ne s’est manifesté pour prendre le relais.

« Le volet Soutien aux organismes du Fonds du livre du Canada reçoit chaque année un nombre élevé de demandes, écrit au Devoir un porte-parole du ministère. La valeur des projets soumis au programme dépasse largement le budget disponible, ce qui oblige le programme à faire des choix et à prioriser les projets qui contribuen­t davantage aux objectifs et priorités en vigueur. »

L’explicatio­n reconnaît la pertinence de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, en ajoutant que le programme a l’obligation « d’allouer ses ressources à des projets qui correspond­ent le mieux à son mandat premier ». C’est d’ailleurs la non-correspond­ance avec ces objectifs qui explique la diminution du financemen­t accordé les deux dernières années. En plus, le courrier du ministère ne le souligne pas, mais le Canada anglais n’organise plus de Journée mondiale du livre depuis des années.

L’Académie des lettres du Québec risque également de disparaîtr­e. L’institutio­n fondée en 1944 a perdu tous ses soutiens financiers, ou presque. Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) a réduit sa subvention à 20 000 $ en 2017 et à néant cette année. Le CALQ a cependant refusé d’expliquer sa décision au Devoir, arguant que « le Conseil ne discutera pas de la demande de soutien d’un organisme avec une personne tierce », selon la réponse écrite faite par la directrice des communicat­ions, Honorine Youmbissi.

La valeur des projets soumis au programme dépasse largement le budget » disponible PATRIMOINE CANADIEN

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ANNIK MH DE CARUFEL ARCHIVES LE DEVOIR Le volet Soutien aux organismes du Fonds du livre du Canada souhaite prioriser dorénavant les activités qui favorisent « la commercial­isation et la promotion des livres ».

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