La gestation pour autrui peut être une histoire d’amour
En 2016, j’ai eu le privilège de porter l’enfant d’un couple d’amis très proches, qui sont aussi les parrains de ma petite dernière. Après 18 ans de vie commune, leur désir de vouloir former une famille a grandi et est devenu évident. Il m’est donc apparu tout naturel de leur offrir mon utérus et mon amour afin qu’ils réalisent leur rêve d’être papas.
J’ai la chance d’être mère de 3 enfants, dont 2 conçus d’une union dite conventionnelle (hommefemme), qui sont âgés respectivement de 21 ans et 18 ans et d’une petite fille de 5 ans ayant 2 mamans et conçue par GMA (procréation assistée).
En septembre 2015, le couple m’annonçait qu’il était en processus de recherche d’une femme porteuse afin de fonder une famille! Après une grande période de réflexion portant sur plusieurs enjeux (l’impact sur mes enfants, si le couple change d’idée, si le bébé a une malformation, etc.), mon coeur s’est ouvert à leur désir sincère de fonder une famille et cela devenait plus fort que le deuil à faire une fois que l’enfant viendrait au monde.
Étant dans une année de transition, de réorientation de carrière et de retour aux études, j’ai pu me permettre de prendre une année sans trop travailler. J’aimerais préciser que ce projet s’est fait en toute légalité.
Octobre 2016, le test de grossesse est positif ! Oui, il y a eu des questionnements, des remises en question, mais il y a surtout eu une grande complicité qui s’est développée entre les deux papas et moi. La communication, vraie et respectueuse, a été la clé de cette aventure. Quelques semaines avant que bébé pointe le bout de son nez, les deux papas étaient avec nous, telle une vraie famille. Ce fut une période fébrile où nos liens se sont encore plus soudés.
Et vient le grand jour. J’ai donné naissance à ce petit être dans une énergie grandiose d’amour. J’ai moi-même coupé le cordon par symbolisme et il m’a été merveilleusement facile et spontané de leur tendre leur bébé. J’ai immédiatement su que le rêve était devenu réalité !
Ce n’est que deux semaines plus tard qu’ils sont partis. Je voulais à tout prix allaiter ce petit trésor, premièrement pour le bien-être santé de l’enfant et aussi parce que nous avions besoin de ce temps pour nous dire au revoir! Je vous mentirais si je vous disais qu’en moi une tempête d’émotions ne s’est pas manifestée.
Ce fut un deuil bien évidemment, mais un deuil temporaire, puisque finalement, l’aventure ne fait que commencer. Je suis fièrement la « Mamaraine » de cet enfant !
Le débat sur la place publique
Il y a beaucoup de choses qui se disent en ce moment dans les médias et sur les réseaux sociaux. Qu’on en parle en bien ou en mal, au moins on en parle, et ça force les gens à s’ouvrir. Nous sommes rendus au point où il faut statuer sur la GPA pour éviter des histoires d’horreur comme on entend souvent venant de l’étranger (Iran, Inde, Arménie, etc.). Je comprends cet aspect des choses et je ne suis pas du tout en accord avec le phénomène de marchandisation de la femme. Cependant, le fait que la GPA ne soit pas encadrée par une loi au Québec invite certains couples ou familles à sortir du pays pour réaliser leur plus grand rêve, accueillir un (autre) enfant dans leur vie.
Ainsi, je souhaite profondément que la gestation pour autrui soit l’objet d’une loi qui encadrera tant psychologiquement que physiquement les mères porteuses et les parents d’intention, pour le bien-être de l’enfant. Il est faux de croire que seul l’argent est la raison qui inviterait une femme à être porteuse. Il me semble toutefois logique que cette personne soit dédommagée pour le temps qu’elle a donné jusqu’à la naissance de l’enfant.
J’étais bien préparée et très bien entourée, dans la liberté d’être et dans le respect et l’amour. C’est pourquoi je souhaite que le Québec développe une structure éthique et, pour y arriver, il faut s’asseoir et en parler.
Il est faux de croire que seul l’argent est la raison qui inviterait une femme à être porteuse. Il me semble toutefois logique que cette personne soit dédommagée pour le temps qu’elle a donné jusqu’à la naissance de l’enfant.