De meilleurs salaires bénéfiques aux entreprises
De plus en plus d’investisseurs favorisent l’amélioration des conditions de travail
Les travailleurs québécois qui luttent pour un salaire minimum de 15$ ne sont pas les seuls qui pourraient bénéficier d’une augmentation pour les personnes à faible revenu de la province. Alors que certains groupes d’entreprises s’opposent à l’augmentation du salaire minimum, prétendant que toute augmentation va forcer les entreprises à augmenter les prix et à réduire les emplois, les entreprises et les investisseurs se souciant de l’avenir se rendent compte que nous avons plus à gagner d’une économie qui reconnaît et récompense la maind’oeuvre de façon appropriée.
Des études ont établi que le fait de payer davantage les travailleurs, d’offrir des possibilités de formation et de promotion significatives et d’offrir des horaires et des heures prévisibles peut se traduire par de meilleurs résultats commerciaux: des employés plus productifs, loyaux et engagés, des gains de productivité, un taux de rétention plus élevé et un taux de roulement plus faible et, en fin de compte, un meilleur rendement financier.
Par exemple, une recherche menée par Zeynep Ton, professeure au Massachusetts Institute of Technology (MIT), révèle que les entreprises qui prennent soin de leurs employés et poursuivent une stratégie de travail décent ont amélioré l’exécution opérationnelle, ce qui s’est traduit par des ventes et des profits plus élevés chez les détaillants en question.
De même, une étude du Boston Consulting Groupa montré que, sur une période de dix ans, les entreprises qui figuraient au moins trois fois sur la liste Fortune 100 Best Places to Work ont surclassé l’ indice S& P 500 par 99 points de pourcentage.
Coalition mondiale
C’est pourquoi nous faisons partie d’une coalition mondiale d’investisseurs institutionnels dont les actifs sous gestion s’élèvent à plus de 10 000 milliards de dollars et qui demandent explicitement aux sociétés de faire rapport à leurs actionnaires sur les conditions de travail er la rémunération de leurs employés. À titre d’investisseurs, les membres de la coalition cherchent des entreprises qui valorisent le travail décent précisément parce qu’ils croient que ces compagnies produisent une meilleure valeur pour leurs actionnaires.
Et ce ne sont pas seulement les entreprises individuelles qui bénéficient des meilleurs salaires et des pratiques de travail décentes. L’économie du Québec elle-même profite de l’augmentation des dépenses de consommation qui résultent de l’augmentation du salaire minimum, car les travailleurs à faible revenu ont tendance à dépenser une plus grande partie de leur revenu – et à le dépenser localement — pour les biens et services que nos entreprises produisent.
Les sociétés peuvent profiter de ce pouvoir d’achat accru pour créer un cercle vertueux dans lequel la croissance des ventes aide l’entreprise à gérer à court terme l’augmentation des dépenses de main-d’oeuvre et à devenir plus compétitive à long terme. Un investissement dans la main-d’oeuvre est, en fin de compte, un investissement dans l’entreprise.
Un nombre croissant d’investisseurs voient d’un bon oeil les efforts visant à créer du travail décent, y compris l’augmentation du salaire minimum, et nous travaillons ensemble pour plaider en faveur du travail décent dans tous les domaines. Parallèlement aux efforts publics comme la mobilisation de la FTQ en fin de semaine prochaine, nous faisons valoir auprès des conseils d’administration des sociétés qu’un salaire minimum de 15$ n’est pas à craindre.