Le Devoir

Dans les tombeaux de l’Égypte antique

Pointe-à-Callière présente une exposition sur les reines d’Égypte

- CAROLINE MONTPETIT

On connaît peu l’histoire d’Hatshepsou­t, ancienne reine d’Égypte, qui, une fois veuve, devint pharaonne, portant la couronne et le pagne. Cette femme du Nouvel Empire de l’Égypte ancienne s’est pourtant fait creuser un tombeau dans la vallée des rois, près de Thèbes. Mais toute trace d’elle a été effacée, jusqu’à ce que, au XIXe siècle, des découverte­s la fassent de nouveau entrer dans l’histoire.

Hatshepsou­t est l’une de ces femmes que l’on découvre dans la nouvelle exposition Reines d’Égypte, présentée au musée Pointe-àCallière. L’exposition réunit 350 objets, dont les deux tiers proviennen­t du musée Egizio de Turin. C’est un ancien directeur de ce musée, Ernesto Schiaparel­li, qui a découvert en Égypte la tombe royale de Néfertari, l’épouse favorite de Ramsès II, en 1904. Le sarcophage de granit rose qui contenait son corps momifié a été jadis fracassé par les pilleurs, mais la pierre rescapée de ce pillage est exposée dans la dernière salle de l’exposition, dont les murs sont couverts de reconstitu­tions des dessins qui ornaient sa tombe.

Une mort omniprésen­te

Il faut dire que la vie après la mort occupe une place prépondéra­nte dans l’exposition, comme elle le faisait dans la culture égyptienne de l’époque. D’ailleurs, toute une pièce est consacrée au village de Deir el-Médineh, dont les artisans consacraie­nt leur vie à la création des tombes royales. Là, à l’école, les enfants apprenaien­t à lire et à écrire, mais maîtrisaie­nt aussi l’égyptien moyen, puisque c’est dans cette langue, déjà éteinte à l’époque, qu’étaient écrits les hiéroglyph­es qui couvraient les sarcophage­s royaux.

Le musée Pointe-à-Callière a fait appel à Ubisoft pour fournir un complément animé à l’exposition. Le tout a été tiré du jeu vidéo Assassin’s Creed Origins, qui se déroule dans l’Égypte antique. L’action du jeu se déroule cependant beaucoup plus tard dans l’histoire, alors que les Grecs occupaient le territoire, explique Jean Guesdon, directeur créatif chez Ubisoft. Il a donc fallu gommer la présence grecque et romaine des lieux, comme les consignes et les jeux de combat qui se déroulaien­t dans ces décors.

Ubisoft a aussi conçu deux vidéos explicativ­es qui accompagne­nt l’exposition. L’une porte sur les hiéroglyph­es égyptiens et l’autre sur la momificati­on.

On apprend d’ailleurs que les Égyptiens procédaien­t au retrait de tous les organes intérieurs des défunts, à l’exception du coeur. Cette opération se pratiquait alors que le cadavre était debout. Ce qu’il restait du corps était ensuite séché durant 70 jours. On plaçait des prothèses à la place des yeux, et on ouvrait la bouche et le nez pour permettre au défunt de respirer dans l’au-delà. Son corps était ensuite momifié dans des bandelette­s de lin. La tête était placée dans un masque d’or pur, de cèdre, de carton ou du stuc doré.

Dans une autre salle, un papyrus judiciaire fascinant, couvert de hiéroglyph­es, relate une conspirati­on menée par Tiyi, épouse secondaire de Ramsès III, pour assassiner ce dernier afin de faire monter son fils Pentaour sur le trône. Mais le complot a été déjoué, et Pentaour a été condamné au suicide.

Mais tout n’était pas funèbre dans la vie de ces reines d’Égypte, qui jouissaien­t, selon la directrice du musée Pointe-à-Callière, Francine Lelièvre, d’une autonomie supérieure à celle des Grecques et des Romaines, entre autres parce qu’elles avaient le pouvoir de léguer leurs biens. Une salle de l’exposition présente les soins de beauté dont ces femmes s’entouraien­t. Elles se miraient dans des miroirs de bronze, de cuir ou d’argent, se paraient de parfums et de fards, et soignaient leur chevelure. Les femmes devaient prendre exemple sur la déesse Isis, l’épouse, la mère et l’amoureuse parfaite, et devenir mère d’un pharaon était la consécrati­on d’une vie.

REINES D’ÉGYPTE

Du 10 avril au 4 novembre Pointe-à-Callière, cité d’archéologi­e et d’histoire de Montréal

 ?? REINES D’ÉGYPTE ?? Fresque murale située dans l’annexe de l’antichambr­e de la tombe de Néfertari
REINES D’ÉGYPTE Fresque murale située dans l’annexe de l’antichambr­e de la tombe de Néfertari

Newspapers in French

Newspapers from Canada