Diplomatie de bouts de chandelles
Une partie de bras de fer a lieu entre le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) et l’Association internationale des études québécoises (AIEQ). L’organisme est menacé de perdre une partie de sa maigre subvention de 135 000$. Fondée il y a 20 ans, l’AIEQ chapeaute et alimente un réseau international de quelque 3000 «québécistes», c’est-àdire des chercheurs et autres universitaires qui s’intéressent au Québec. Elle pratique une diplomatie publique et culturelle qui s’ajoute aux activités diplomatiques menées par l’État. Avec sa subvention de 130 000$, l’AIEQ organise des colloques, accorde de petites subventions à des universitaires pour qu’ils participent à d’autres colloques organisés par ses membres à l’étranger et verse des bourses à des étudiants, souvent des étudiants étrangers pour qu’ils se familiarisent avec le Québec. L’organisme reçoit également une subvention de 40 000 $ du ministère de la Culture et des Communications pour des tournées d’auteurs québécois à l’étranger.
Mais voilà, le MRIF, de concert avec le Conseil du trésor, estime que le pourcentage des frais d’administration de l’AIEQ est trop élevé. Ainsi, près de 40% de la subvention y serait consacrée. Évidemment, la modestie de la subvention explique ce fort pourcentage dont une bonne partie consiste en un prêt de personnel du ministère — une directrice générale et une professionnelle. Mais on insiste pour que l’AIEQ déniche des revenus autonomes de l’ordre de 52 000$, un objectif que l’organisme estime hors de portée. On voudrait que le conseil d’administration, formé d’universitaires dont certains bénéficient des subventions de l’organisme pour faire connaître le Québec à l’étranger, mette la main à la pâte. Tout cela est d’une petitesse qui ne saurait toutefois occulter l’importance de l’AIEQ pour la diplomatie québécoise.
Pour l’heure, le MRIF donne l’impression qu’il remet en question l’existence même de l’organisme. Qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la rage, dit l’adage. Si la subvention de 135 000 $ est amputée de 52 000$, ça signera en effet l’arrêt de mort de l’AIEQ.
Espérons que le MRIF tienne compte des retombées engendrées par les activités de l’AIEQ, non seulement pour la diplomatie québécoise mais aussi sur le plan économique, puisque des milliers d’étudiants étrangers foulent le sol du Québec, incités par leurs professeurs «québécistes» et membres du réseau de l’AIEQ. Il nous semble que ça vaut nettement plus cher que 52 000$. Le Québec mérite mieux qu’une diplomatie de bouts de chandelles.