Une délégation nordcoréenne sera-t-elle des Jeux d’hiver ?
Autant Séoul que le CIO désirent que la Corée du Nord participe à ces « Jeux olympiques de la paix »
Paris — Alors que la Corée du Nord et la Corée du Sud multiplient les gestes d’ouverture, le couple de patineurs nord-coréens Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik pourrait être accompagné par d’autres compatriotes aux Jeux olympiques de Pyeongchang, en Corée du Sud (du 9 au 25 février).
C’est le 29 septembre dernier que Ryom, 18 ans, et Kim, 25 ans, portant des costumes noirs à paillettes, ont gagné le droit de rêver. À Oberstdorf, en Allemagne, ils ont pris la sixième place de l’épreuve qualificative en patinant sur l’air du morceau Je ne suis qu’une chanson, interprété par Ginette Reno.
Leur participation aux Jeux de Pyeongchang n’est toutefois pas encore acquise. Le Comité olympique nord-coréen (NOC of DPRK) a, en effet, raté la date limite du 30 octobre pour confirmer leur participation auprès de la Fédération internationale de patinage (ISU).
Mais ces sportifs pourraient néanmoins concourir à l’invitation du Comité international olympique. «Nous continuons nos discussions avec le NOC of DPRK pour parvenir à de telles participations dans le respect de la Charte olympique. Le CIO garde donc disponibles ses invitations pour la délégation nord-coréenne et ne prendra sa décision qu’au moment venu », écrit d’ailleurs le CIO dans un communiqué.
L’invitation du CIO pourrait s’étendre à d’autres disciplines, et concerner des sportifs nord-coréens qui ne sont pas parvenus à se qualifier.
«Le CIO dit que [la Corée du Nord] serait capable de prendre part à toutes les disciplines», explique à l’AFP Lee Hee-beom, le patron des Jeux de Pyeongchang. « Mais la Corée du Nord enverra plutôt des sportifs en patinage artistique, en patinage de vitesse, en ski de fond et en hockey sur glace féminin », avance-t-il.
Ouverture de Kim Jong-un
Lundi, le numéro un nord-coréen, Kim Jong-un, a ouvert la porte à ce que Pyongyang soit représenté à Pyeongchang.
«Nous sommes disposés à prendre les mesures nécessaires» pour «envoyer notre délégation» aux Jeux de Pyeongchang, a dit M. Kim dans son message du Nouvel An à la nation nord-coréenne.
La Corée du Sud a proposé mardi de tenir des discussions de haut niveau avec Pyongyang le 9 janvier afin d’améliorer les relations intercoréennes.
La Corée du Nord et la Corée du Sud sont toujours techniquement en guerre malgré la signature du pacte de nonagression de 1953. Pour autant, les relations sportives entre les deux pays ne sont pas systématiquement houleuses, même si la Corée du Nord avait boycotté les Jeux d’été de Séoul en 1988, ou même refusé de participer aux qualifications du Mondial 2002 de football, que la Corée du Sud organisait conjointement avec le Japon.
Depuis les Jeux de Séoul, la Corée du Nord — qui n’est pas particulièrement attirée par les sports d’hiver — a envoyé à cinq reprises une délégation, sur les huit dernières éditions des JO d’hiver.
Seules les éditions de Sotchi en 2014, de Salt Lake City en 2002 et de Lillehammer en 1994 n’ont pas vu le drapeau du pays flotter au village olympique.
À Albertville, en France, en 1992, il y avait même un record de vingt représentants de la Corée du Nord, avec à la clé une médaille de bronze en patinage de vitesse (500m dames).
Dans l’histoire des Jeux d’hiver, la Corée du Nord a remporté deux médailles, dont l’argent sur 3000m dames à Innsbruck (1964), toujours en patinage de vitesse.
Pyeongchang se situe à tout juste 80 kilomètres de la frontière avec la Corée du Nord, une frontière fortement militarisée.
Aussi bien Séoul que le CIO désirent que la Corée du Nord participe à ces «Jeux olympiques de la paix ». Mais la participation de Pyongyang à des événements sportifs est largement tributaire de l’évolution de la situation politique et militaire dans la péninsule.
La tension dans la péninsule est particulièrement forte ces derniers mois, avec la poursuite de la progression des programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord et les échanges de menaces et d’invectives entre Kim Jong-un et le président des États-Unis, Donald Trump.