Le Devoir

Des réfugiés redoutent la fermeture d’un camp controvers­é en Australie

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Sydney — Des centaines de demandeurs d’asile refusent de quitter un camp de détention géré par l’Australie sur une île de Papouasie-NouvelleGu­inée et fermé mardi par les autorités alors même que les vivres, l’eau et l’électricit­é y ont été coupés.

Le personnel du camp de rétention de l’île de Manus a abandonné les lieux. Un migrant a raconté que les détenus s’y étaient enfermés parce qu’ils étaient terrifiés de ce qui pourrait leur arriver au-dehors.

Canberra mène une politique extrêmemen­t dure vis-àvis des migrants qui tentent de gagner ses côtes, les reléguant dans des camps sur Manus ou dans le micro-État insulaire de Nauru.

L’Australie justifie sa politique au nom de la lutte contre les gangs de passeurs et de la nécessité de dissuader les migrants — dont bon nombre viennent d’Iran, d’Irak, de Somalie ou d’Afghanista­n — de tenter la périlleuse traversée vers ses rivages.

Elle n’accepte aucun «boat people» sur son sol, même ceux qui remplissen­t les critères du droit d’asile.

Cela fait des années que les défenseurs des droits de la personne réclament la fermeture des camps, dénonçant de graves problèmes psychologi­ques des détenus, les tentatives d’automutila­tion et de suicide.

La justice de PapouasieN­ouvelle-Guinée a jugé l’an dernier anticonsti­tutionnell­e la détention de réfugiés sur Manus et Canberra avait accepté de fermer le camp, où se trouvent plus de 600 hommes, avant la fin octobre.

Les autorités leur ont demandé de se rendre dans trois centres «de transition», également sur Manus. L’armée de Papouasie doit prendre le contrôle du camp actuel.

Mais bon nombre de détenus se sont enfermés dans le camp alors que les médias ont fait état de l’hostilité de la population locale à leur endroit.

Le ministre australien de l’Immigratio­n, Peter Dutton, a martelé que les demandeurs d’asile n’étaient pas les bienvenus en Australie.

Ils ont été informés « qu’il y avait des lieux alternatif­s, sûrs, où les services de santé et autres seront maintenus», a-t-il déclaré dans un communiqué.

«Ces gens ont tenté de contourner les lois australien­nes en payant des passeurs pour entrer illégaleme­nt en Australie par bateau. Aucun d’entre eux ne sera relogé ici. »

L’Australie avait aussi trouvé un accord avec le gouverneme­nt Obama pour que certains soient accueillis aux États-Unis. Mais à ce stade, seuls 54 ont été officielle­ment acceptés, dont seulement 24 ont déjà été accueillis.

Les soutiens des migrants ont introduit un recours devant la Cour suprême de Papouasie pour empêcher la fermeture du camp et exiger qu’y soient rétablies l’eau et l’électricit­é.

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