Laïcité, cannabis et policiers au menu de la rentrée
Les 125 députés du Québec seront de retour à l’Assemblée nationale, mardi, après la pause estivale. Ils entameront une nouvelle session parlementaire à un an des élections générales.
Le compte à rebours a donc démarré et les partis politiques feront tout leur possible cet automne pour se démarquer, quitte à rebrasser les cartes dans leurs équipes respectives.
Siègent présentement au parlement: 68 députés libéraux, 28 députés péquistes, 20 députés caquistes, trois députés solidaires et cinq députés indépendants. Une circonscription est vacante, celle de Louis-Hébert, qui fera objet d’un premier test pour les partis, le 2 octobre prochain.
C’est dans cette perspective que s’amorcent les travaux à l’Assemblée nationale. Voici un aperçu des thèmes qui seront abordés cet automne.
Laïcité et identité
Le thème de la laïcité revient en force avec l’étude du projet de loi 62, qui obligerait l’émission et la réception de service de l’État à visage découvert, en plus d’encadrer les accommodements raisonnables.
La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a récemment déposé des amendements qui élargissent la portée de son projet de loi sur la neutralité religieuse aux municipalités et aux sociétés de transport. Cependant, le Parti québécois (PQ), la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire (QS) reprochent au gouvernement Couillard de ne pas aller assez loin dans l’interdiction du port de signes religieux chez les fonctionnaires.
L’identité québécoise sera également au coeur des débats à l’Assemblée nationale, à la suite de l’arrivée massive de demandeurs d’asile en provenance des États-Unis. La question de l’immigration, de la nécessité de franciser les immigrants, ainsi que du racisme systémique s’inviteront à coup sûr dans les débats. D’ailleurs, le gouvernement Couillard s’apprête à lancer une vaste consultation sur le racisme au Québec, dont une bonne partie se fera à huis clos. Le PQ soutient qu’il s’agit d’un «procès» imposé aux Québécois. La CAQ dit espérer que ça ne devienne pas «un dîner de cons».
Policiers et gratuité scolaire
Deux autres pièces législatives sont à l’étude: le projet de loi 133, qui oblige les policiers et constables spéciaux à porter leur uniforme dans l’exercice de leurs fonctions, et le projet de loi 144, pour garantir aux enfants l’accès au régime pédagogique québécois.
Fort sollicité ces temps-ci, le ministre des Affaires municipales et de la Sécurité publique, Martin Coiteux, devra aussi faire avancer le projet de loi 121, qui vise à accorder des pouvoirs accrus à Montréal. Son projet de loi sur les chiens dangereux, lui, n’a pas encore été appelé, six mois après son dépôt.
Le compte à rebours a donc démarré et les partis politiques feront tout leur possible cet automne pour se démarquer
Cannabis
Le temps file et le gouvernement du Québec devra vite emboîter le pas à l’Ontario et au Nouveau-Brunswick, qui viennent de présenter leurs projets d’encadrement de la vente du cannabis sur leur territoire.
Jusqu’à 150 magasins, gérés par le gouvernement ontarien, pourront vendre de la marijuana lorsqu’Ottawa légalisera son usage récréatif l’été prochain. Ces points de vente seront supervisés par la LCBO, la Régie des alcools de l’Ontario. Queen’s Park a également annoncé que l’âge minimal pour consommer, acheter et posséder du cannabis récréatif en Ontario sera de 19 ans, tout comme pour l’alcool. La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, prononcera d’ailleurs une allocution devant les députés de l’Assemblée nationale le 21 septembre. L’événement sera suivi d’une rencontre conjointe des membres des conseils des ministres.
Pour sa part, la ministre déléguée québécoise à la Santé publique, Lucie Charlebois, qui a mené une série de consultations publiques sur le cannabis, promet le dépôt d’un projet de loicadre cet automne.
La CAQ demande au gouvernement d’imposer un cadre réglementaire strict, qui inclurait de fixer l’âge minimum légal de la consommation à 21 ans. Québec solidaire fixerait plutôt la limite à 18 ans, tandis que le Parti québécois n’a pas encore fait son lit sur le sujet.
Santé
Le bras de fer entre le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, et les omnipraticiens se poursuit. Une entente conclue entre les deux parties donne aux médecins de famille jusqu’au 31 décembre 2017 pour prendre en charge 85 pour cent des Québécois, sans quoi la loi 20 s’appliquera et des médecins verront leurs salaires amputés. Actuellement, près de 77 pour cent de la population a accès à un médecin de famille.
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a suggéré au ministre, en vain, de procéder à la « préinscription » des patients, c’est-à-dire de ne les rencontrer qu’au moment où ils en auront besoin, pour faciliter l’atteinte des cibles gouvernementales.
De leur côté, les partis d’opposition annoncent d’ores et déjà qu’ils dénonceront l’attente (trop longue) dans les urgences, ainsi que les hausses salariales (trop élevées) accordées aux médecins.