Le Devoir

Trudeau invité à intervenir pour des passages à niveau

Dans une lettre envoyée au premier ministre, le maire Ferrandez et des entreprise­s du Mile End déplorent le refus du Canadien Pacifique de faciliter la circulatio­n entre les quartiers

- ANNABELLE CAILLOU

Les passages à niveau réclamés depuis des années sur la voie du Canadien Pacifique (CP) se font toujours attendre à Montréal. Face à l’impasse administra­tive, le maire du Plateau-Mont-Royal et des entreprise­s du quartier réclament une interventi­on du premier ministre fédéral.

Dans une lettre envoyée à Justin Trudeau le mois dernier, le maire Luc Ferrandez et quatre entreprise­s installées dans le Mile End — Ubisoft, Allied, Financière Sun Life et Framestore — exigent qu’«une solution politique puisse être trouvée» pour aménager un passage à niveau dans l’axe de l’avenue Henri-Julien, entre les arrondisse­ments du Plateau-Mont-Royal et de Rosemont–La Petite-Patrie, et ainsi faciliter la traversée des cyclistes et des piétons.

L’absence d’un tel aménagemen­t est «un non-sens tant pour le développem­ent économique que pour la mobilité de la main-d’oeuvre et des résidants», écrit M. Ferrandez.

Nid d’activité

Avec près de 6000 nouveaux emplois créés depuis 2012, le Mile End est un des quartiers les plus dynamiques de la métropole et attire tant les grandes entreprise­s et les «startups» que les ateliers d’artistes et les créateurs, selon le maire.

Or, il reste difficile d’accéder au quartier en transport collectif, bien que la station de métro Rosemont soit «à moins de 300 mètres à vol d’oiseau ». Les clôtures de chaque côté de la voie ferrée obligent résidants et travailleu­rs à faire un détour de plusieurs centaines de mètres. Plusieurs n’hésitent pas à traverser la voie ferrée, à leurs risques et périls, pour éviter ce détour, ce qui inquiète les cosignatai­res de la lettre.

« [Ce passage à niveau] représente un moyen sécuritair­e et accessible pour faciliter le déplacemen­t de nos employés vers le studio», indique le porte-parole d’Ubisoft, Fabrice Giguère.

«Si on veut une ville plus verte, ça commence par ce genre d’infrastruc­tures pour donner la possibilit­é à nos employés d’utiliser le transport durable et de passer plus facilement d’un côté à l’autre de la voie ferrée sans faire un détour par la rue Saint-Denis et rallonger leur trajet », renchérit le directeur des finances chez Framestore, Michel Fournier.

De son côté, le CP a répliqué que « la sécurité est la priorité numéro un du CP» . Après avoir évalué la situation à la demande de la Ville, le CP a conclu que « ces nouveaux passages à niveau créeraient un risque supplément­aire pour la sécurité du public, ce que CP ne peut encourager», indique son porte-parole, Jeremy Berry.

Long processus

Citoyens, organismes et élus municipaux sont plongés dans cette bataille avec le CP depuis une dizaine d’années. La Ville s’est emparée du dossier en 2011 et demandait fin 2016 à l’Office des transports du Canada (OTC) de trancher la question. Mais Montréal est toujours sans réponse.

«On n’a jamais écrit à [Stephen] Haper, car on n’aurait eu aucune écoute. Mais avec un premier ministre libéral, qui vient de Montréal, on s’est dit qu’il serait plus à l’écoute, […] parce qu’on est en 2017, qu’on parle d’un nouvel urbanisme, de favoriser le transport actif et public », souligne le conseiller du district, Richard Ryan.

Contacté par le Devoir, le ministère fédéral des Transports a indiqué avoir bien reçu la lettre en question et attendre actuelleme­nt une réponse de l’OTC, qui a entre les mains le dossier.

Il reste difficile d’accéder au quartier en transport collectif, bien que la station de métro Rosemont soit «à moins de 300 mètres à vol d’oiseau»

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