Le Devoir

Google échappe à un redresseme­nt fiscal géant

- JEAN LIOU à Paris

La justice française a donné raison mercredi au géant américain Google qui contestait un redresseme­nt fiscal de 1,115 milliard d’euros, estimant que sa filiale irlandaise, responsabl­e de ses opérations européenne­s, n’était pas imposable en France.

Sommé par le fisc de payer 1,6 milliard d’euros — un montant réduit depuis —, Google avait contre-attaqué en justice. Le groupe californie­n affirme qu’il n’a pas à déclarer ses bénéfices en France puisqu’il vend de la publicité sur le marché français par l’intermédia­ire de sa filiale irlandaise Google Ireland Limited (GIL).

Le tribunal administra­tif de Paris lui a donné raison, jugeant notamment que Google France n’avait pas les moyens de mettre en ligne les publicités vendues aux annonceurs français, et ne faisait qu’assister GIL.

« La société irlandaise Google Ireland Limited [GIL] n’est pas imposable en France sur la période de 2005 à 2010», période sur laquelle portait le contentieu­x, a-t-il résumé.

« Établissem­ent stable »

Il a notamment estimé que GIL ne disposait pas en France d’un «établissem­ent stable». Pour satisfaire cette condition nécessaire pour qu’une société soit taxable dans l’Hexagone, il aurait fallu que la filiale française l’engage juridiquem­ent, ce qui n’était pas le cas, car la mise en ligne des annonces commandées par des clients français était validée en Irlande.

L’administra­tion fiscale estimait au contraire que les employés français jouent un rôle déterminan­t dans la vente d’espaces publicitai­res sur le célèbre moteur de recherche ou le site de vidéos YouTube, même si les contrats sont formelleme­nt établis et signés par la filiale irlandaise GIL.

Sollicité par l’AFP, le fisc n’a pas fait de commentair­es immédiatem­ent. Il peut encore interjeter appel.

« Le tribunal administra­tif de Paris a confirmé que Google respecte les règles fiscales françaises et les normes internatio­nales. Notre investisse­ment en France demeure, ainsi que notre engagement au service de sa croissance numérique», a réagi le groupe américain, dans un courriel à l’AFP.

Remboursem­ent

S’il lui a donné raison sur le fond, le tribunal a en revanche rejeté mercredi sa demande de remboursem­ent des frais de justice par l’État français.

Google, qui emploie actuelleme­nt 700 personnes en France, est dans le collimateu­r de Bercy depuis plusieurs années.

Peu bavard quand il s’agit de ses comptes, le groupe avait indiqué l’an dernier avoir payé 6,7 millions d’euros en France au titre de l’impôt sur les sociétés en 2015, soit 30% de plus que l’année précédente. Il dit n’avoir pas encore arrêté ses comptes pour 2016.

Faisant l’objet de poursuite dans plusieurs pays, Google est notamment parvenu à des accords avec les autorités fiscales au Royaume-Uni et en Italie, leur reversant quelques centaines de millions d’euros.

Google, mais aussi Apple, Facebook et Amazon — l’ensemble étant souvent présenté sous l’acronyme GAFA —, sont régulièrem­ent critiqués pour leurs pratiques d’optimisati­on fiscale.

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LOÏC VENANCE AGENCE FRANCE-PRESSE L’entreprise californie­nne a eu gain de cause et ne paiera pas les 1,115 milliard d’euros de redresseme­nt fiscal.

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