Une année difficile pour l’information
Distinguer le vrai du faux est devenu tout un défi pour le public cette année alors que la crédibilité des médias a été mise à mal, noyée parmi les fausses informations circulant sur le Web.
«Le mensonge ou l’art du mensonge sont devenus réalité, [à cause d’un] candidat à la présidence des États-Unis devenu président », a rappelé la rédactrice en chef du Devoir, Luce Julien.
Invitée à prendre la parole lors d’une conférence organisée pour la Journée mondiale de la liberté de la presse mercredi à Montréal, elle s’est inquiétée de la multiplication de sources peu fiables. « Tout le monde peut donner son opinion sur un blogue ou un site Web, publier un statut Facebook, annoncer sur Twitter la signature d’un décret, déformer les faits.»
Lors de la campagne présidentielle américaine, les réseaux sociaux ont été la principale source de diffusion de rumeurs et fausses informations relayées par citoyens et politiciens eux-mêmes. «Le New York Times vient de recenser 91 affirmations trompeuses de Donald Trump lors de ses 100 premiers jours», ajoute-t-elle.
Si certains médias tentent de distinguer le vrai du faux, les citoyens n’en perdent pas moins confiance envers le 4e pouvoir, croit-elle. Dans cette atmosphère de «post-vérité», la mission du journaliste n’a jamais été aussi importante. «Il faut garantir une information indépendante de toute influence, une information de qualité, crédible, fiable pour comprendre la société. »
La liberté de la presse en péril
Si le Canada fait partie de la cinquantaine de pays bénéficiant
d’une presse libre, celleci fait «du sur place» selon le directeur du Devoir, Brian Myles. Le Canada a glissé de la 18e à la 22e place du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF) publié la semaine dernière.
Au Québec, l’année a été marquée par la surveillance policière des médias. « Les journalistes d’enquête devraient pouvoir travailler en toute sérénité et quiétude, et on devrait pouvoir tenir les policiers à distance de leur carnet d’adresses. Malheureusement, ce n’est pas le cas», souligne-t-il.
Il se désole qu’il ait fallu un scandale médiatique sur la surveillance de journalistes pour qu’une commission d’enquête sur la protection des sources journalistiques soit créée.