Le Devoir

Regard sur le Festival internatio­nal du film sur l’art

Des documentai­res se penchent sur le cinéma de Buster Keaton, Billy Wilder et Raoul Ruiz

- FRANÇOIS LÉVESQUE

Le Festival internatio­nal du film sur l’art (FIFA), qui a débuté jeudi et se poursuit jusqu’au 2 avril, demeure fidèle à ses bonnes habitudes en représenta­nt toutes les pratiques au sein de sa vaste programmat­ion. Le cinéma sur le cinéma n’est pas en reste, avec notamment la présentati­on de trois documentai­res consacrés à autant de figures marquantes du septième art: Buster Keaton, Billy Wilder et Raoul Ruiz. Ce faisant, on revisite des filmograph­ies importante­s qui se déploient entre les États-Unis, l’Allemagne, le Chili et la France.

Réalisé par Jean-Baptiste Péretié, Buster Keaton, un génie brisé par Hollywood est exclusivem­ent constitué d’images d’archives et revient sur la vie et l’oeuvre du grand comique (1895-1966), l’une des premières superstars du cinéma dont la carrière fulgurante à l’époque du muet ne survécut pas au passage au parlant. En 1950, dans Sunset Boulevard, satire vitrioliqu­e de cet Hollywood qui enfante puis dévore ses propres vedettes, Billy Wilder fit appel à lui pour une apparition fugitive, mais inoubliabl­e. Lors d’une partie de carte entre anciens, l’idole du muet s’incline et ne dit qu’un mot : « pass ». Le 31 mars à 20 h 45 à BAnQ.

Le même Billy Wilder (19062002) est l’objet du documentai­re Billy Wilder — Nobody’s Perfect, de Julia et Clara Kuperberg. Né en Allemagne, Wilder alla tenter sa chance aux ÉtatsUnis, comme d’autres collègues juifs, afin de fuir le nazisme. Un destin rocamboles­que que le sien: gigolo, puis scénariste à Berlin, réalisateu­r expatrié à Paris, il s’installa finalement à Hollywood où il ne tarda pas à percer, son scénario de Ninotchka, réalisé par Ernst Lubitsch, lui valant de passer derrière la caméra. On lui doit quantité de classiques et de chefs-d’oeuvre dans tous les registres du drame et de la comédie, dont Assurance sur la mort, Le gouffre aux chimères, Stalag 17, Sabrina, Certains l’aiment chauds, La garçonnièr­e… Le 25 mars à 20h45 à la Cinémathèq­ue et le 31 mars à 20h45 à l’UQAM.

(Re)découvrir Ruiz

Moins connue, mais essentiell­e néanmoins, l’abondante filmograph­ie de Raoul Ruiz (1941-2011), un cinéaste d’une érudition et d’une originalit­é folles, est quant à elle au coeur du documentai­re Raoul Ruiz contre l’ignorance fiction, d’Alejandra Rojo. On promet des « clés » d’interpréta­tion du cinéma parfois cryptique, mais toujours fascinant, du réalisateu­r de L’hypothèse du tableau volé, Généalogie­s d’un crime, Trois vies et une seule mort, Mystères de Lisbonne, et surtout, surtout, du magnifique Le temps retrouvé, autant une adaptation de l’oeuvre de Proust qu’un hommage à celle-ci. Le 1er avril à 15h15 à la Cinémathèq­ue.

Avec ces trois cinéastes aux parcours et aux filmograph­ies uniques, on remonte pratiqueme­nt toute la ligne du temps du cinéma, de ses débuts noirs et blancs et muets à son présent coloré et parlant, passant des succès grand public des uns à l’exploratio­n narrative et formelle de l’autre. Entendu, on aurait pris quelques documentai­res consacrés à des réalisatri­ces, mais cela, c’est une autre histoire (et une autre histoire du cinéma, aussi…).

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FILMS SMC Alejandro Rojo propose de (re)découvrir la filmograph­ie foisonnant­e de Raoul Ruiz.
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TÉLÉ-QUÉBEC Buster Keaton
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ASSOCIATED PRESS PHOTO Billy Wilder

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