Des dépotoirs en pleine campagne
Le milieu rural offre parfois le triste spectacle d’amoncellements de vieux pneus entremêlés de ferraille et de résidus divers laissés en bordure de champs, de cours d’eau ou de boisés. « Il y a des gens qui dompent n’importe quoi, n’importe où. Ici à l’île d’Orléans, il y a quelqu’un qui a laissé dans le bois 3 000 à 4 000 vieilles chaudières pour l’eau d’érable et un ancien évaporateur qui pourrissent là. […] Nous, on est un organisme sans but lucratif qui nettoyons tout ça. Depuis 2013, on a sorti au-dessus de 7 millions de kilos de déchets de la nature », dit fièrement Marcel Poiré, cofondateur de l’organisme PurNat.
Son équipe compte une dizaine de personnes qui sillonnent le Québec pour enlever les débris laissés dans la nature. Même si l’organisme tente de maintenir les frais au minimum, la location des conteneurs et la disposition des déchets demeurent coûteuses. En moyenne, PurNat charge entre 10 000 $ et 50 000 $ pour nettoyer un site.
Petits dépotoirs illégaux
Les cas d’amoncellement de débris sont nombreux. Parfois, il s’agit d’un individu qui s’est débarrassé de ses vieux électroménagers en les balançant illégalement dans la pente d’un cours d’eau ou d’un entrepreneur en construction qui déverse des résidus en cachette dans l’entrée d’un boisé. Les cas les plus fréquents, selon Marcel Poiré, concernent cependant les propriétaires qui accumulent euxmêmes des débris sur leur propre propriété. « Il y a des sites en campagne qui ne sont vraiment pas chics. On trouve des tas de débris, des restants de bâtiments, des carcasses de camions ou des vieux équipements agricoles. La végétation pousse à travers ça. Ce sont des petits dépotoirs illégaux », décrit M. Poiré.
Il arrive aussi que des gens accumulent pendant des années sur leur terrain des objets inutiles et obsolètes, sans jamais vouloir s’en départir, un trouble mental appelé syndrome de Diogène.
Certains propriétaires se décident à faire le ménage alors que d’autres sont forcés de le faire sur l’ordre de la municipalité ou du ministère de l’Environnement. « Le pire endroit qu’on a fait, c’est près de Saint-Hyacinthe. Ça nous a pris trois semaines pour tout cleaner. Le monsieur avait accumulé des vieilles voitures et un peu de tout. C’est la municipalité qui nous mandaté pour intervenir. C’est le plus gros montant qu’on a chargé à date : 150 000 $. La municipalité nous a payé et elle a refilé la facture au propriétaire sur son compte de taxes », explique M. Poiré.