Le marché des grains pour 2020-2021
Pour 2020-2021, le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) s’attend à des superficies semées de 97 millions d’acres (Ma) en maïs, soit les plus importantes depuis 2012. Pour le soya, les ensemencements s’élèvent à 83,5 Ma. Ainsi, la production se redresserait de 16 et 17 % respectivement pour le maïs et le soya par rapport à l’an dernier. Selon les estimations de l’USDA, la pandémie de COVID-19 n’affectera pas la demande en grains pour 2020-2021. Le ministère prédit même un accroissement de cette demande. Quant aux stocks de soya, ils devraient diminuer au niveau précédant la guerre commerciale avec la Chine, soit sous les 400 millions de boisseaux (Mbu). Les approvisionnements de maïs devraient s’élever à 3 323 Mbu, un sommet depuis 1988.
Chez les principaux concurrents des États-Unis – le Brésil et l’Argentine –, les récoltes de maïs sont estimées excellentes, et ce, malgré le temps sec qui a sévi dans le sud du Brésil durant la majeure partie de la saison de culture.
Importantes superficies ensemencées
La baisse de rendements due au temps sec devrait être compensée par des superficies ensemencées en maïs plus importantes que prévu. Les producteurs brésiliens auraient été incités à en semer davantage en raison de la dépréciation historique du réal brésilien. En ce qui a trait au soya, la récolte brésilienne se dirige toujours vers un record, tandis qu’elle s’avère convenable en Argentine.
Au Québec, les semis ont été réalisés rapidement et les superficies estimées par Statistique Canada sont très élevées : 393 400 hectares (ha) pour le maïs et 360 300 ha pour le soya. Avec un rendement moyen, la production québécoise risque d’être supérieure à la demande locale. Sans compter que la pandémie a fait fléchir la demande provenant de l’industrie de l’élevage. Par conséquent, le prix du maïs subira la pression d’une offre abondante, tant sur le marché local qu’à l’international, tandis que celui du soya demeurera sous l’influence de la relation entre Pékin et Washington. Cette dernière est extrêmement tendue depuis la résurgence des conflits en lien avec Hong Kong.
Depuis le confinement, le dollar canadien s’est comporté de manière très imprévisible, entraîné par la chute du baril de pétrole brut en Bourse. Le huard a aussi fluctué au rythme de la confiance des investisseurs envers la reprise de l’économie. La saison est à peine entamée, mais il paraît évident que le temps où les prix se situaient à plus de 200 $/t pour le maïs et 450 $/t pour le soya est définitivement révolu.
— Étienne Lafrance,
agent d’information sur les marchés, Producteurs de grains du Québec