Éliminer la faim dans le monde d’ici 2030
L’année 2015 marque le 70e anniversaire de la création à Québec de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), souligné récemment au Château Frontenac en présence de son directeur général, José Graziano da Silva.
Cette année, la FAO, appuyée par une résolution de l’ONU dans le cadre de son Programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est donné pour mission d’éliminer la faim dans le monde dans 15 ans.
Selon le directeur général de la FAO, cet objectif « nécessitera un total de quelque 267 G $ par an au cours des prochaines années. Étant donné que cela est plus ou moins équivalent à 0,3 % du PIB [produit intérieur brut] mondial, je pense que le prix à payer pour éradiquer la faim chronique est relativement bas ».
Pourtant, encore aujourd’hui, environ 800 millions de personnes de tous âges ne mangent pas à leur faim sur la planète. Selon les estimations de la FAO, si les pays ne modifient pas leur façon de gérer l’agriculture et les ressources alimentaires d’ici 15 ans, il y aura encore 650 millions d’êtres humains qui souffriront de la faim.
C’est dans ce contexte que la FAO, appuyée par une résolution de l’ONU dans le cadre de son programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est donné pour mission d’éliminer la faim dans le monde avec cet échéancier.
C’est ce que la FAO appelle le Défi Faim Zéro. Cela implique : 100 % d’accès à une nourriture adéquate toute l’année; aucun enfant de moins de deux ans avec un retard de croissance; 100 % de croissance de la productivité et des revenus des petits agriculteurs; des systèmes alimentaires durables et la fin des pertes ou du gaspillage alimentaire.
Cet objectif est-il réalisable ou
même réaliste?
François Audet est professeur à l’École des sciences de la gestion (ESG), de l’Université du Québec à Montréal, et directeur scientifique de l’Observatoire canadien sur les crises et l’aide humanitaire (OCCAH). Sa réaction est sans équivoque : « L’objectif de 2030 est, à mon avis, carrément utopique. C’est quand même important de se donner des objectifs ambitieux, comme un but à atteindre. Mais éradiquer complètement la faim de la planète, c’est impossible. Toutefois, les consommateurs ont aussi leur rôle à jouer. Acheter, c’est voter. »