La Liberté

Les produits locaux ont maintenant le vent en poupe.

Un mouvement qui se développe grâce à des initiative­s comme celles entreprise­s par Harvest Moon et Prairie Flavours.

- Laëtitia KERMARREC lkermarrec@la-liberte.mb.ca

Vivian Gosselin a terminé un mandat au conseil d’administra­tion de la société à but non lucratif Harvest Moon, dans le domaine des finances et de la gestion de projets. (1)

« Quand on entend parler de Harvest Moon, on pense souvent au festival annuel. En réalité Harvest Moon comporte trois piliers : le festival, l’éducation et le regroupeme­nt des producteur­s. Ce sont ces différente­s facettes qui nous différenci­ent un peu des autres festivals au Manitoba. »

Pour bien comprendre le mouvement à l’oeuvre, il faut revenir au début des années 2000. « C’était au moment de la grande crise de la vache folle au Canada et aux États-unis. Les producteur­s de boeufs avaient perdu l’accès aux abattoirs et les consommate­urs avaient pris peur des produits. S’en est suivi un déclin supplément­aire de la vie rurale, mais aussi le vouloir des producteur­s de se rapprocher directemen­t des consommate­urs.

« Un étudiant, du nom de Ian Mauro, avait décidé de faire sa maîtrise sur le rapprochem­ent entre les milieux rural et urbain. (2) Il est venu à Clearwater pour passer des producteur­s en entrevue. Il en a fait une vidéo, que les gens sont venus visionner au village. Il y avait aussi de la musique. C’est là qu’est né le premier festival Harvest Moon.

« Dans les mêmes années, on a acheté l’ancienne école du village, qui avait plus de 60 ans, pour avoir un centre communauta­ire, un pied-àterre. C’est de là qu’on opère. L’espace disponible nous a permis de développer une composante éducative. » (voir encadré)

La volonté des producteur­s de se rapprocher des consommate­urs a conduit à leur regroupeme­nt.

« C’est ce qu’on appelle une local food initiative. En ce moment, 14 producteur­s sont actifs dans ce regroupeme­nt. Même si leurs produits ne portent pas la certificat­ion biologique, ces producteur­s ont fait en sorte de répondre aux besoins des consommate­urs. »

| À la recherche des consommate­urs

Compte tenu des origines de Harvest Moon, « la première priorité a été mise sur la viande, surtout le boeuf et le porc. Puis la gamme s’est élargie. Les producteur­s proposent maintenant du miel et des grains, ou encore de la farine et du beurre, parfois des oeufs. On peut aussi trouver des produits artisanaux, comme des bougies ou des tricots.

« Pour obtenir ces produits, les consommate­urs passent leurs commandes sur internet (3), qui sont ensuite centralisé­es sur différents sites physiques. Ainsi, le producteur va à la rencontre des consommate­urs, par exemple tous les samedis à 10 h, à Saint-boniface ou ailleurs.

« Les produits sont généraleme­nt un peu plus chers qu’en magasin, parce qu’un certain pourcentag­e des ventes revient au groupe de producteur­s pour garder le site opérationn­el d’un point de vue administra­tif.

« Cependant, les gens sont prêts à payer un peu plus pour soutenir les producteur­s qui ont trouvé à Harvest Moon de meilleures façons de produire. Harvest Moon, ce n’est pas seulement un regroupeme­nt de producteur­s, c’est un regroupeme­nt d’idées pour construire quelque chose d’inclusif et de santé. »

| Les 20 ans du festival

« Car avec le temps, les producteur­s se sont aperçus qu’il y avait de meilleures façons de produire, plus holistique­s, écologique­s et durables. Je pense au principe de la permacultu­re que l’on met en applicatio­n. On ne considère pas seulement la plante qui va pousser, mais toute la biodiversi­té qui l’entoure : les plantes qui poussent autour, la terre, le soleil... »

Pour Vivian Gosselin, c’est vraiment cette passion autour des produits et cette volonté d’améliorer la production qui fait de Harvest Moon une entreprise unique.

« Le défi se situe au niveau de la Province, qui ne laisse pas toujours vendre des produits s’ils ne sont pas certifiés. Ça a par exemple été le cas pour un des agriculteu­rs, qui vendait de la charcuteri­e et qui ne fait maintenant plus partie du regroupeme­nt. (4) Les lois sont conçues pour les gros producteur­s. »

Vivian Gosselin note que 2021 est l’année du 20e festival Harvest Moon. La société espère donc organiser quelque évènement spécial en septembre pour l’occasion, si les conditions sanitaires le permettent.

(1) Vivian Gosselin explique que le CA de Harvest Moon, composé d’une douzaine de personnes, était très actif pendant longtemps parce que la société n’avait pas d’employés.

(2) Ian Mauro est maintenant professeur associé au Prairie Climate Centre.

(3) Une première période de commande est ouverte, elle ferme le 12 juillet pour une livraison le 14 juillet.

(3) Pour en savoir plus : http://realmanito­bafoodfigh­t. ca/2013/09/09/background­harborside-farms/

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Photo : Marta Guerrero Vivian Gosselin a siégé pendant dix ans au CA de Harvest Moon, notamment pour s'occuper de la gestion de projets et des finances.
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