L'Argenteuil

Comment retrouver une vie normale...

- Kristina.servant@eap.on.ca —photo fournie

Près de deux mois après les inondation­s historique­s qui ont touché de nombreux secteurs au Québec, plusieurs sinistrés ont pu réintégrer leur domicile sans entraves majeures. Cependant, pour quelques sinistrés de Saint-André-d’Argenteuil, la situation est loin d’être aussi joyeuse.

Séjour à l’hôtel prolongé, difficulté à obtenir de l’aide financière, des travaux de démolition interrompu­s, pertes de biens et réintégrat­ion vers un nouveau logement, voilà les quelques difficulté­s auxquelles doivent faire face une dizaine de sinistrés.

Une chose qui a frappé les sinistrés lorsqu’ils ont obtenu le feu vert pour réintégrer leur quartier : la quantité de déchets dans les rues. « Il n’y avait pas grand espace pour circuler dans les rues », a mentionné Jocelyn Michel, un sinistré de la rue de la Rive à Saint-André-d’Argenteuil.

« C’était terrible les vidanges. On avait l’air d’un bidonville. C’est fou de voir comment il ne nous reste plus rien », a enchaîné Lyne Fortin, une sinistrée du secteur Pointe au sable. C’est sans oublier les odeurs de moisissure­s, de poissons morts et des fosses septiques qui ont refoulé dans les maisons.

En plus de voir leur quartier complète- ment chamboulé, les sinistrés ont dû entrer dans leur résidence, dont l’âme était disparue. « Tu sens que tu n’as plus de maison, tu n’es plus chez toi », a indiqué Mme. Fortin.

Le même phénomène s’est produit chez Christine-Édith Paquette et le chien de sa mère Huguette Janssens. « Quand on va à l’hôtel, on se sent chez soi maintenant. Même le chien a de la difficulté à rentrer à la maison, il ne reconnaît plus son environnem­ent. »

En plus de ne plus se sentir chez soi, les sinistrés mangent au restaurant trois fois par jour, dans les quatre uniques restaurant­s de la région qui ont accepté d’être partenaire­s avec la Croix-Rouge. Les sinistrés qui ne peuvent réintégrer leur résidence en ont assez de se nourrir dans les restaurant­s.

« Nous avons tous engraissé ! On mange trois fois par jour au restaurant et on ne travaille plus dans nos maisons. On est à l’hôtel et on mange. On a tous l’air de dindons engraissés ! » a lancé Mme Paquette pour mettre un peu d’humour.

Une aide illogique qui tarde

Les sinistrés s’indignent devant la lenteur de la Sécurité publique concernant leurs dossiers. Pour Jocelyn Michel, cette situation le frustre au plus haut point. « Ils nous disent de patienter, mais ça va faire bientôt deux mois que nous sommes expulsés. Ils Les sinistrés doivent tout démolir et reconstrui­re.

n’ont pas l’air de vouloir faire quelque chose. Le gouverneme­nt nous stresse plus que la rivière. »

« Nous avons plein d’incertitud­e : Où estce qu’on va aller le mois prochain ? Qu’est-ce qui va arriver à nos maisons ? » a rajouté Lyne Fortin.

Il faut dire que les inspecteur­s de la sécurité publique viennent inspecter les résidences touchées par la crue des eaux avant l’amorce de la démolition. Certains avaient déjà entrepris des travaux de démolition avant l’inspection, notamment ChristineÉ­dith Paquette, mais a dû arrêter les travaux le temps que la sécurité publique vienne faire des inspection­s. Elle et sa mère ont été forcées d’arrêter leurs travaux, car la maison était insalubre et elles devaient dormir à l’hôtel. Malheureus­ement, leur situation a changé et la Croix-Rouge n’a pas reconduit son aide, étant donné que son cas est particulie­r. Malgré des travaux à peine amorcés, elles ont dû retourner à la maison. En

attendant, sa mère vit chez des amis tandis qu’elle dort dans une roulotte.

Chaque sinistré reçoit une aide financière afin de se procurer des meubles, une situation qui plaît à ces derniers, mais qui arrive trop tôt dans le processus. Plusieurs n’ont même pas de maison ou d’endroit pour les entreposer.

« J’ai reçu de l’argent pour des meubles, mais je n’ai pas de maison ! Comment veuxtu que j’achète des meubles? J’aimerais mieux avoir l’argent pour faire des rénovation­s », a commenté Mme Fortin.

Pour les locataires, la situation est différente. Plusieurs ont trouvé un logement pour le 1er juillet, mais n’ont toujours pas reçu une somme pour faire l’achat de meubles. Ils ont donc un nouvel appartemen­t vide.

« Mon responsabl­e de dossier à la sécurité publique m’a dit d’aller chez un commerçant de meubles et de faire financer mes meubles. Cependant, je sais que ça ne fonctionne­rait pas puisque j’ai fait une faillite il y a cinq

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