CHÈRE PISCINE
Plusieurs mois après le suicide de son époux, Philippa pénètre à nouveau dans la résidence qu’elle a partagée avec celui-ci. Elle y contemple les reliefs d’une vie commune qui s’est étalée sur plus de 10 ans et, la solitude aidant, plonge progressivement dans une relecture des événements du passé. Mais est-elle véritablement seule ?
Au coeur de la nuit, elle s’éveille et erre au gré des pièces, hantée par le souvenir de la piscine où elle a découvert le corps inanimé de son conjoint. Un malaise grandissant l’habite alors même que ressurgissent les souvenirs d’une relation placée sous le signe de la manipulation et de la violence. Elle réalise bientôt qu’une jeune femme occupe également les lieux, mais pour quelles raisons ? Et surtout, qui peut-elle bien être ?
Narré en deux temps, ce premier roman de Marie-Pier Favreau-Chalifour alterne entre les souvenirs d’un passé douloureux et un présent qui se situe aux frontières de l’étrange et de l’imaginaire. En effet, l’intruse est-elle bien réelle ou n’est-elle qu’une simple manifestation de son esprit ?
Quelle qu’elle soit, la jeune femme suscite la résurgence d’un passé que Philippa préférerait sans doute oublier, mais qu’elle ne peut et ne veut plus éluder. Elle éveille également l’émergence de désirs qu’elle croyait éteints : « Elle sourit. Ses yeux brillent. Son regard est plongé directement dans le mien. Elle se rapproche de moi. M’embrasse la main. La chaleur de la flamme chauffe ma joue. Je bats des paupières. Une odeur de soufre se répand. »
Mais est-ce bien l’appel du corps d’une autre, celui d’une femme, qui l’agite ou plutôt celui de se réapproprier le sien : être à nouveau maitresse de son destin et de son plaisir ? Difficile de trancher alors même que l’ombre laisse place à la lumière au rythme d’une aube qui s’annonce. Un récit envoutant, déstabilisant, mais toujours profondément lyrique, où l’autrice navigue avec adresse entre les fragiles frontières du réel et de l’intangible. ✖