HOMOÉROTISME
Dans un espace rénové et agrandi (l’ancien palais de justice d’Ottawa), le centre d’artistes SAW accueille jusqu’au 28 septembre une exposition inaugurale sur l’homoérotisme dans le dessin. Intitulée SexLife, cette expo internationale présente différents traitements autant techniques que figuratifs sur le désir et le sexe LGBTQ+. Quatre des neuf artistes sont des femmes. «C’était impératif, explique le commissaire Jason St-Laurent, que les artistes féminines aient droit de parole et d’images homoérotiques, souvent ignorées ailleurs. De plus, c’est à ce jour la seule exposition de groupe sur ce thème.» Ainsi, Cindy Baker, G.B. Jones, Diane Obomsawin et Mia Sandhu, partagent les cimaises avec Panos Balomenos, Dave Cooper, Sholem Krishtalka, Zachari Logan et Kent Monkman. Autour d’un ouvrage sur Tom of Finland, des vitrines illustrent la thématique et complètent leurs oeuvres en présentant revues, livres d’art, sérigraphies, comics, mangas, etc., empreints d’homoérotisme. Qu’ils soient dessinateurs underground, underground artistes contemporains, ou outsiders du milieu de l’art, près de 25 démarches artistiques en dessin proposent ainsi des perspectives sur l’érotisme LGBTQ+.
Entre l’inconfort et l’excitation…
« SexLife, ce sont des incursions à la fois intimes et explicites et ce, autant vécues qu’imaginées!», commente
Jason St-Laurent. En effet, SexLife juxtapose des démarches artistiques aux antipodes: la simplicité de Cindy Baker où des corps handicapés et sexualisés, répétés comme un motif de papier peint, banalisent ce qu’ils montrent. Les ombres berlinoises de Sholem Krishtalka évoquent la secrète sexualité des saunas, backroom et sous-bois qui s’inscrivent dans le vécu quotidien. Mêlant l’inconfort à l’excitation, les gros plans crus et malaisants de Panos Balomenos rappellent que la sexualité concerne tous les corps… professionnels comme physiques ! «En raison d’un refus de l’imprimeur, une de ses sérigraphies a dû être imprimée ailleurs», nous a confié le commissaire.
Entre l’intimité et l’ardeur
Inspirée de Tom of Finland, la vision très féminine des rencontres érotiques selon G.B. Jones entraîne notre regard sur nos cultures alternatives. La bande dessinée underground J’aimelesfilles de Diane Obomsawin, articule la complexité du coming-out. Révélant des corps dans la nature, les PillowyGirls de Dave Cooper font l’amour aux femmes et aux plantes et se jouent du visible et du dissimulé… comme un clin d’oeil à la manière de OùestCharlie?. Une première oeuvre de Kent Monkman procède aussi ainsi. D’autres satirisent, en l’illustrant sexuellement, la dynamique du pouvoir colonial.
En ajoutant à ces démarches artistiques la douceur sensuelle de Zachari Logan, l’approche "estampe japonaise" de Mia Sandhu, chacun.e allie l’érotisme et la nature à un corps à l’abri des regards…
Tout en explorant la sexualité LGBTQ+ dans l’intimité du désir, mais aussi l’ardeur de sa liberté sexuelle, SexLife propose donc une vision plus large de l’homoérotisme et de la culture queer.
«Sex Life. L’homoérotisme dans le dessin», jusqu’au 28 septembre à la Galerie SAW, 67, rue Nicholas à Ottawa. 613 236-6181 / www.saw-centre.com Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h / 23h le vendredi.