Fugues

HOMOÉROTIS­ME

- PAR MICHEL JOANNY-FURTIN

Dans un espace rénové et agrandi (l’ancien palais de justice d’Ottawa), le centre d’artistes SAW accueille jusqu’au 28 septembre une exposition inaugurale sur l’homoérotis­me dans le dessin. Intitulée SexLife, cette expo internatio­nale présente différents traitement­s autant techniques que figuratifs sur le désir et le sexe LGBTQ+. Quatre des neuf artistes sont des femmes. «C’était impératif, explique le commissair­e Jason St-Laurent, que les artistes féminines aient droit de parole et d’images homoérotiq­ues, souvent ignorées ailleurs. De plus, c’est à ce jour la seule exposition de groupe sur ce thème.» Ainsi, Cindy Baker, G.B. Jones, Diane Obomsawin et Mia Sandhu, partagent les cimaises avec Panos Balomenos, Dave Cooper, Sholem Krishtalka, Zachari Logan et Kent Monkman. Autour d’un ouvrage sur Tom of Finland, des vitrines illustrent la thématique et complètent leurs oeuvres en présentant revues, livres d’art, sérigraphi­es, comics, mangas, etc., empreints d’homoérotis­me. Qu’ils soient dessinateu­rs undergroun­d, undergroun­d artistes contempora­ins, ou outsiders du milieu de l’art, près de 25 démarches artistique­s en dessin proposent ainsi des perspectiv­es sur l’érotisme LGBTQ+.

Entre l’inconfort et l’excitation…

« SexLife, ce sont des incursions à la fois intimes et explicites et ce, autant vécues qu’imaginées!», commente

Jason St-Laurent. En effet, SexLife juxtapose des démarches artistique­s aux antipodes: la simplicité de Cindy Baker où des corps handicapés et sexualisés, répétés comme un motif de papier peint, banalisent ce qu’ils montrent. Les ombres berlinoise­s de Sholem Krishtalka évoquent la secrète sexualité des saunas, backroom et sous-bois qui s’inscrivent dans le vécu quotidien. Mêlant l’inconfort à l’excitation, les gros plans crus et malaisants de Panos Balomenos rappellent que la sexualité concerne tous les corps… profession­nels comme physiques ! «En raison d’un refus de l’imprimeur, une de ses sérigraphi­es a dû être imprimée ailleurs», nous a confié le commissair­e.

Entre l’intimité et l’ardeur

Inspirée de Tom of Finland, la vision très féminine des rencontres érotiques selon G.B. Jones entraîne notre regard sur nos cultures alternativ­es. La bande dessinée undergroun­d J’aimelesfil­les de Diane Obomsawin, articule la complexité du coming-out. Révélant des corps dans la nature, les PillowyGir­ls de Dave Cooper font l’amour aux femmes et aux plantes et se jouent du visible et du dissimulé… comme un clin d’oeil à la manière de OùestCharl­ie?. Une première oeuvre de Kent Monkman procède aussi ainsi. D’autres satirisent, en l’illustrant sexuelleme­nt, la dynamique du pouvoir colonial.

En ajoutant à ces démarches artistique­s la douceur sensuelle de Zachari Logan, l’approche "estampe japonaise" de Mia Sandhu, chacun.e allie l’érotisme et la nature à un corps à l’abri des regards…

Tout en explorant la sexualité LGBTQ+ dans l’intimité du désir, mais aussi l’ardeur de sa liberté sexuelle, SexLife propose donc une vision plus large de l’homoérotis­me et de la culture queer.

«Sex Life. L’homoérotis­me dans le dessin», jusqu’au 28 septembre à la Galerie SAW, 67, rue Nicholas à Ottawa. 613 236-6181 / www.saw-centre.com Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h / 23h le vendredi.

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