ATTIRER PLUS DE TOURISTES LGBT AU CANADA À TRAVERS LES FIERTÉS
Le 22 mai dernier, la ministre fédérale du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, annonçait l’octroi d’une aide aux trois grands comités de la Fierté au Canada, soit Montréal, Toronto et Vancouver. Il s’agissait d’une subvention d’un million de dollars pour chacun d’eux répartie sur deux ans. Ainsi, Fierté Montréal recevra 500 000$ en 2019 et la même somme l’année suivante. «Une aide précieuse pour que l’on continue notre développement», dira JeanSébastien Boudreault, le vice-président de Fierté Montréal. Mais cela s’inscrit dans une plus large stratégie du gouvernement fédéral pour développer le tourisme LGBT au pays et donner des outils aux intervenants touristiques afin d’attirer cette clientèle.
«Les fonds du fédéral seront utilisés pour l’organisation du festival. Cette subvention va dans l’idée du gouvernement fédéral d’aider encore plus les Fiertés au Canada. L’année dernière, l’appui du fédéral n’était que de 2% de notre budget total à Fierté Montréal. Pourtant, nous sommes le meilleur vecteur de tourisme LGBT au Canada. Fierté Montréal est 100% bilingue et constitue [en termes de participation] la 1ère Fierté au Canada, devant Toronto et Vancouver. De plus, on s’en va vers la World Pride de 2023», explique le vice-président de Fierté Montréal, Jean-Sébastien Boudreault.
«On veut travailler à attirer les touristes LGBT au Canada, de déclarer la ministre du Tourisme, Mélanie Joly. On sait qu’ils voyagent 3 à 4 fois par an et qu’ils dépensent plus d’argent durant leurs voyages. D’un autre côté, on veut aider les régions à augmenter leur offre touristique envers cette clientèle, leur proposer des lieux intéressants à visiter ainsi que des activités et, d’autre part, on désire aider aussi les grandes organisations de Fierté, comme Fierté Montréal, à monter des événements susceptibles d’attirer les touristes LGBT. On désire aussi participer aux grandes foires internationales, de poursuivre la ministre Joly. On veut être là où se réunissent les grands intervenants touristiques et former une délégation qui peut varier, soit avec Fierté Montréal, avec la Chambre de commerce des gens d’affaires gais et lesbiennes du Canada ou soit une autre organisation LGBT. L’idée est toujours d’encourager le tourisme LGBT au Canada.»
«Nous sommes heureux que la ministre du Tourisme nous inclut dans cette nouvelle stratégie touristique à cinq volets qui comprend le tourisme autochtone, hivernal, culinaire, des régions éloignées et le tourisme LGBT, continue JeanSébastien Boudreault. Dans cette optique, le ministère est appelé à recevoir les projets des plus petits comités de la Fierté afin de les aider à développer une offre touristique pour qu’elle soit plus attrayante pour des visiteurs.»
Les subventions aux trois grands comités de la Fierté au Canada ainsi qu’à la Chambre de commerce des gens d’affaires gais et lesbiennes du Canada (CCGAGLC) sont compris dans le «Fonds des expériences canadiennes, qui comprend un
budget total de 60M de dollars, et d’autres fonds seront annoncés sous peu, mais les gens peuvent déjà faire la demande pour cette aide touristique», de spécifier la ministre Mélanie Joly.
«Au Canada, l’industrie touristique représente 1,8 M de travailleurs, c’est plus ou moins 10% de la maind’oeuvre active au pays! Donc, faire du tourisme LGBT un des piliers de cette industrie c’est très intéressant. Et de faire, en plus, le lien avec les Fiertés au Canada, ça l’est encore plus puisqu’il y a 130 organisations de Fierté au pays. Cela veut dire qu’en s’inscrivant dans cette stratégie, plusieurs d’entre eux vont se développer plus rapidement avec l’injection de fonds et l’attrait des visiteurs», explique le vice-président de Fierté Montréal.
«Notre objectif est simple, on désire d’ici 2025 créer plus de 54 000 emplois dans le secteur touristique et augmenter, par le fait même, le nombre de touristes LGBT à un million par année, mais le défi est de les attirer à l’année longue, c’està-dire y compris en hiver, il s’agit d’un des grands enjeux de cette stratégie. Il y a tellement d’intérêt chez les touristes LGBT, il suffit de bien faire les choses et de proposer une destination ou des activités pour cette clientèle et préparer adéquatement les intervenants à cette clientèle par les subventions au Conseil canadien des ressources humaines en tourisme (RHTC) et à la CCGAGLC», de dire la ministre Mélanie Joly.
«On est reconnu parmi les 10 plus grands festivals au Québec. Nous sommes devenus un "vrai" festival, un festival à saveur LGBT pour les LGBT, mais ouvert à tous, de poursuivre Jean-Sébastien Boudreault. Nous offrons huit grands spectacles extérieurs gratuits et la programmation comprend 200 activités en tout cette année. On espère que les deux autres paliers de gouvernement — le provincial et le municipal — emboiteront le pas et reconnaîtront tout notre travail en nous octroyant aussi des subventions pour que l’on puisse continuer notre développement.»
Malgré le soutien d’un million de dollars sur deux ans à Fierté Montréal, son viceprésident n’en demeure pas moins inquiet, surtout à l’orée des élections fédérales prévues le 21 octobre: «Peu importe qui sera élu en octobre prochain, il n’y a pas de pérennité. Au bout de deux ans, il va falloir refaire des représentations auprès du gouvernement en place pour que cet appui se poursuive et que l’on puisse offrir des événements d’envergure internationale qui vont ainsi attirer des touristes LGBT», de renchérir Jean-Sébastien Boudreault.
Parlant d’événements internationaux, Fierté Montréal a déjà soumis son cahier de candidature au World Pride, le 30 mai dernier. À la mi-juillet, il y aura une réunion du comité pour voir si les candidatures rencontrent toutes les exigences pour la tenue d’un tel événement international. En ce moment, on sait que deux autres villes sont en lice, soit Houston (au Texas) et Sydney en Australie. «Le grand dévoilement de la décision du comité World Pride aura lieu à Athènes, le 20 octobre prochain, et tous les membres Fierté Montréal y assisteront. Mais nous sommes très confiants de l’emporter», indique Jean-Sébastien Boudreault.