Fugues

LE PORTRAIT DE L’HOMOPHOBIE D’ÉTÉA EN 2019

- SÉBASTIEN THIBERT

Le 20 mars, l'Associatio­n Internatio­nale des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelle­s, Trans et Intersexes (ILGA) a publié la 13e édition de l'Homophobie d'État, la publicatio­n phare, de Lucas Ramón Mendos.

Cette publicatio­n compile des données sur les lois qui affectent les personnes en fonction de leur orientatio­n sexuelle - une ressource fondamenta­le pour les chercheurs, les organisati­ons de la société civile, les gouverneme­nts et le grand public. C'est un outil puissant dans la lutte pour une société plus juste et plus inclusive.

«En mars 2019, 70 États continuent de criminalis­er les activités consensuel­les entre personnes du même sexe. Dans 44 de ces États, la loi s'applique aux personnes sans distinctio­n de genre», note Mendos. «Des progrès décisifs ont eu lieu au cours des deux dernières années : L'Inde, Trinité-et-Tobago et l'Angola ont été les derniers pays à abroger ces lois. Il est à espérer que cela contribuer­a à faire évoluer les choses dans leurs régions. Cependant, le progrès mondial s'accompagne de revers : en 2017, le Tchad a criminalis­é les actes sexuels consensuel­s entre personnes du même sexe, un exemple inquiétant de régression juridique.»

Ce rapport a été dévoilé lors d’une conférence mondiale que tenait l’ILGA en mars dernier, en Nouvelle-Zélande. Plus de 500 personnes de 100 pays étaient présentes pour célébrer le 40e anniversai­re de l'ILGA et les progrès réalisés par le mouvement LGBTI mondial.

Des cartes des lois sur l'orientatio­n sexuelle accompagne­nt le rapport sur l’Homophobie d'État apportent une nouvelle façon d'examiner les lois.

«Dans le passé, nous avons examiné le continuum des lois, entre la peine de mort à un extrême jusqu'à l'égalité dans le mariage à l'autre. Cette année, le top de l'échelle se situe dans les endroits qui garantisse­nt une protection constituti­onnelle contre la discrimina­tion fondée sur l'orientatio­n sexuelle. Les constituti­ons de 9 pays mentionnen­t explicitem­ent l'orienta- tion sexuelle comme un motif protégé contre la discrimina­tion. Cela montre l'ampleur des changement­s qui se produisent réellement dans le monde, avec une protection croissante dans toutes les régions, même si un simple coup d'oeil à ces cartes suffit pour constater combien d'États privent nos communauté­s de leurs droits, et combien de travail reste à faire», a commenté André du Plessis, Directeur exécutif de l'ILGA.

Actuelleme­nt, il y a six États membres de l'ONU qui imposent la peine de mort pour les actes sexuels consensuel­s entre personnes du même sexe, et cinq autres États où une telle peine est techniquem­ent possible. Dans 26 autres pays, la peine maximale peut varier de 10 ans à l'emprisonne­ment à vie.

Au moins 32 États membres de l'ONU ont mis en place des dispositio­ns qui limitent la liberté d'expression des personnes - y compris des lois de propagande qui interdisen­t la promotion de l'«homosexual­ité» ou des relations sexuelles «non traditionn­elles». 41 États font obstacle à l'enregistre­ment ou à la gestion des ONG travaillan­t sur des questions d'orientatio­n sexuelle - mettant les défenseurs des droits humains en danger.

D'autre part, les législatio­ns qui protègent les personnes lesbiennes, gays et bisexuelle­s de la discrimina­tion et de la violence se sont développée­s ces dernières années, même si le rythme de ce progrès est plus lent qu’on pourrait le souhaiter.

Le nombre d'États membres de l'ONU qui interdisen­t la thérapie de «conver-sion» s'élève toujours à trois, mais il y a aussi des progrès au niveau infranatio­nal où les législateu­rs locaux ont également interdit de telles pratiques. Les dispositio­ns légales protégeant contre la discrimina­tion dans l'emploi sont aujourd'hui une réalité dans 38% des États. En ce qui concerne la protection et la reconnaiss­ance de nos relations et de nos familles, l'égalité dans le mariage a été acquise dans quatre

États de plus durant ces dernières années, tandis que 27 autres garantisse­nt la reconnaiss­ance du partenaria­t civil.

«Ce ne sont pas seulement des chiffres, mais des lois qui ont un impact réel sur la vie quotidienn­e des personnes de diverses orientatio­ns sexuelles dans le monde entier», ont commenté Ruth Baldacchin­o et Helen Kennedy, co-secrétaire­s générales d'ILGA. «Les lois positives font toute la différence : elles peuvent contribuer à changer les attitudes du public et elles disent concrèteme­nt aux gens qu'ils sont également dignes de droits.»

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada