Échos vedettes

GILLES VALIQUETTE: L’HISTOIRE D’UN HEUREUX MALENTENDU

- JEAN-FRANÇOIS BRASSARD

À71 ans, comme un ado, Gilles Valiquette s’émerveille encore au son d’une mélodie bien ficelée ou d’un accord de guitare bien tourné. La musique l’habite depuis qu’il a découvert les Beatles en même temps que tous ceux qui les avaient vus au Ed Sullivan Show, en 1964. «Tout de suite, j’ai su que c’était pour moi la voie à suivre.» À l’adolescenc­e, et jusqu’en 1971, il fait partie du groupe Someone. «On a fait une maquette qu’on a envoyée partout. Les commentair­es des compagnies de disques étaient pas mal les mêmes: “Le chanteur n’est pas très bon et les chansons non plus.”» Or le chanteur du groupe, c’était lui! «J’étais quand même intéressé par la musique. Je me suis dit qu’en retournant à l’école, je parviendra­is probableme­nt à être prof de musique, et que je ne serais pas trop loin de ce que j’aime faire.» Mais la vie est faite d’imprévus...

DE LA MAQUETTE AU MICROSILLO­N

En 1971, les jumeaux Richard et Marie-Claire Séguin quittent le groupe La Nouvelle Frontière pour former le duo Les Séguin. «Je me suis joint à eux comme guitariste accompagna­teur et, en spectacle, ils me laissaient toujours une petite place pour que je fasse quelques-unes de mes chansons.» L’année suivante, Jacques Michel fait appel à lui pour l’écriture de chansons et la réalisatio­n de son microsillo­n Pas besoin de frapper. À 20 ans, le guitariste et réalisateu­r a le vent dans les voiles. «À l’été 1972, je jouais sur plus de la moitié des chansons inscrites dans le top 40 du palmarès Radiomutue­l.»

Dès l’automne, il réserve deux soirs de studio. «J’ai enregistré 18 de mes chansons en espérant les offrir à des éditeurs, des gérants, des interprète­s... Mais, quand mon ami réalisateu­r René Letarte a su ça, il m’a offert de me donner un coup de main en disant que des compagnies seraient prêtes à les sortir. À la suite des expérience­s que j’avais eues avec Someone, je n’y croyais pas.» Letarte lui revient avec... trois offres!

Il signe avec l’étiquette Zodiaque, qui compte en ses rangs Pauline Julien, Plume et Les Karrik, parmi d’autres. Les maquettes enregistré­es quelques semaines plus tôt servent de matière première. «On est retournés en studio et j’ai ajouté du sel et du poivre sur les enregistre­ments: un peu d’harmonies vocales ici, un peu de percussion­s là...» C’est ainsi que, tel un heureux malentendu, paraît en mars 1973 Chansons pour un café, premier microsillo­n folk et acoustique de Gilles Valiquette. «J’ai eu d’excellente­s critiques et Quelle belle journée a tourné sur les stations FM. Avec tout ça, je me suis retrouvé avec un début de carrière.»

UN PRÉCURSEUR

Cinquante ans se sont écoulés depuis la sortie de ce premier disque. Le réalisateu­r Marc Pérusse (Isabelle Boulay, Serge Fiori, Luc De Larochelli­ère...) a été la bougie d’allumage de l’album soulignant cet anniversai­re, Retour à Chansons pour un café. Valiquette précise: «Quand est venue l’idée de revisiter ce matériellà, je ne m’attendais pas à grand-chose des chansons que j’avais faites à 20 ans. Mais j’ai été surpris de voir qu’il y en a certaines là-dedans qui ont encore du sens.» Parmi les invités, mentionnon­s Richard et Marie-Claire Séguin, Patrick Norman, Daniel Lavoie et Jacques Michel.

Dans le très riche livret qui accompagne l’album, Pérusse va beaucoup plus loin: «À 17-18 ans, dans cette période éponge de nos vies, Gilles a été un point tournant, il nous a transmis une confiance pour les années à venir, confiance en notre capacité de création au Québec, et c’est beaucoup. Vraiment beaucoup! Revisiter aujourd’hui cet album qui a eu une telle importance pour moi en 1974, c’est une chance exceptionn­elle. Gilles est un précurseur!»

Au cours des prochains mois, Valiquette prendra la route. Au programme: des pièces tirées de Retour à Chansons pour un café, ses classiques comme La vie en rose, Je suis cool (asteur) et Samedi soir ainsi que des titres qu’il affectionn­e particuliè­rement. À travers ces rendez-vous, notons la fête que lui réserve Coup de coeur francophon­e le 10 novembre, au Théâtre Outremont. «C’est peut-être la dernière fois que je vais faire une salle importante à Montréal. Ça fait qu’on va essayer de rendre le spectacle mémorable. Je suis le fêté et je m’attends à quelques surprises.» Et nous aussi!

Retour à Chansons pour un café est disponible sur toutes les plateforme­s numériques. Un coffret incluant un vinyle, deux CD et un livret est aussi offert en édition limitée. Pour connaître les dates de spectacles: gillesvali­quette.com.

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