Coup de Pouce

FAMILLE «Je veux de l’argent de poche!»

- Par Nathalie Vallerand

Pourquoi donner de l’argent de poche à notre enfant? Après tout, quand il a besoin de quelque chose, on le lui achète. C’est vrai. Mais verser régulièrem­ent quelques dollars à notre jeune est un bon moyen de faire son éducation financière. Conseils et témoignage­s.

Chaque semaine, les frères Erwan, 10 ans, et Axel, 8 ans, reçoivent 5 $ en argent de poche. Un montant qui leur est versé par virement bancaire. «Ils me demandent régulièrem­ent de leur montrer leur compte pour voir la somme qu’ils ont accumulée, dit leur mère, Gaëlle. Et quand ils ont assez d’argent, ils se procurent quelque chose qui leur fait envie. La dernière fois, ils ont acheté chacun une affiche à 40 $.»

À quel âge commencer à donner des sous? Certains disent 5 ans, d’autres 7 ou 8 ans. «L’important, c’est que l’enfant comprenne qu’il faut de l’argent pour acheter des choses et que cet argent ne tombe pas du ciel», estime Hélène Hétu, consultant­e budgétaire à l’ACEF Rive-Sud de Montréal.

Combien donner? «Ce que je vois le plus, c’est de 5 à 10 $ par semaine, répond François Décary, conseiller en finance solidaire et ancien directeur général de l’ACEF Appalaches-Beauce-Etchemins. Mais tout dépend de l’âge de l’enfant et de ce qu’on veut le voir gérer avec cet argent. Une pièce de 1 $ à un petit de 5 ans, c’est suffisant. Des parents donnent 25 $ à leur ado, mais ils lui demandent de payer lui-même ses repas à la cafétéria en plus de ses petites dépenses.» On tient compte de notre situation financière. Si notre budget est serré, l’argent de poche ne devrait pas être une priorité.

Inculquer la valeur de l’argent

Mère seule, Andrée-Anne verse de l’argent de poche à ses garçons de 10 et 13 ans «pour qu’ils apprennent à gérer l’argent avec de petites sommes, tant qu’ils n’ont pas encore de grandes responsabi­lités». L’an prochain, elle compte augmenter substantie­llement le montant alloué à son aîné, Boris. Avec cet argent, l’ado devra payer lui-même ses dépenses: vêtements, produits de soins personnels, activités parascolai­res, sorties, billets d’autobus, etc. «Je vais l’aider à faire un budget, dit Andrée-Anne. C’est un apprentiss­age qui lui servira toute la vie.»

Donner de l’argent de poche est un choix bien personnel, mais si l’on adopte cette formule, il serait dommage de ne pas en profiter pour montrer à notre jeune à faire bon usage de son argent. «Les études montrent que les enfants qui en reçoivent gèrent mieux leurs finances plus tard, signale Jacinthe Cloutier, professeur­e adjointe en sciences de la consommati­on à l’Université Laval. Ils ont plus d’épargne et moins de dettes.»

La meilleure façon de procéder est de toujours verser le même montant le même jour de la semaine. Ainsi, notre jeune peut mieux planifier ses dépenses. Cela l’aide aussi à réaliser que, dans la vraie vie, on n’obtient pas nécessaire­ment de l’argent à la demande.

Comment superviser notre enfant

Doit-on laisser notre enfant acheter tout ce qu’il veut? Selon Jacinthe Cloutier, le mieux est de l’amener à réfléchir à ses choix de consommati­on, sans décider à sa place. «On discute avec lui, on le conseille, mais on n’impose pas, suggère-t-elle. La beauté de l’argent de poche, c’est justement la liberté de décision et l’autonomie qu’elle procure. Si on dit à l’enfant quoi acheter et ne pas acheter, il n’apprendra pas à faire des choix.»

Se questionne­r avant d’acheter, c’est ce qu’Aurore apprend à sa fille de 8 ans, Malaïka. «Je pense que c’est une bonne chose de l’habituer tôt à éviter les achats impulsifs», estime-t-elle. Pourquoi veux-tu ce jouet, cet accessoire? En as-tu un semblable à la maison? Es-tu certaine que tu vas l’utiliser? Veux-tu dépenser tout ton argent pour ce produit? Qu’est-ce que tu pourrais avoir d’autre pour le même montant? Voilà autant de questions qui aident la fillette dans ses décisions. «Maintenant, elle fait plus attention à ce qu’elle achète avec son argent de poche, remarque la mère de trois enfants. Elle comprend mieux la valeur des choses.»

Lorsque l’enfant a le dernier mot sur ses choix de consommati­on, il fait parfois des erreurs. Et c’est une bonne occasion d’apprentiss­age. «À cet âge, les enjeux sont minimes, souligne François Décary. Un enfant qui fait un mauvais achat perd quelques dollars. La prochaine fois, il fera peut-être un choix plus avisé.» Un avis que partage Stéphanie, mère d’Ophélie, 12 ans, et d’Auriane, 10 ans. «Même si j’encourage mes filles à réfléchir avant d’acheter, elles font parfois des achats qu’elles regrettent. Récemment, mon aînée voulait un jeu qui n’était plus vraiment de son âge. Il coûtait assez cher, et je savais qu’elle ne s’amuserait pas longtemps avec ce jeu. Je le lui ai dit, mais elle l’a acheté quand même. Se tromper, ce n’est pas grave. J’espère seulement que ça va lui servir de leçon.» ›››

<< Il ne faut pas oublier qu’aux yeux de nos enfants, nos comporteme­nts à l’égard de l’argent ont souvent plus de poids que nos discours. >>

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