Tension à la hausse
«Je veux que vous sachiez qu’à aucun moment avions-nous voulu nous quereller», a laissé savoir Maisie McNaughton au conseil à la fin de son allocution, faisant référence aux critiques qui ont pu être dirigées vers les représentants de la mairie au cours des dernières années.
Elle a également noté que le CAQAK offrait de soutenir Beaurivage dans ses démarches.
«J’ai toujours dit que vous faisiez du bon travail», a répondu le maire, Arnold Vautour.
La tension s’est cependant mise à augmenter au moment des interventions du public, vers la fin de la réunion. Une discussion sur les secteurs où l’élevage de poules serait permis a semblé irriter quelques personnes. On y apprenait que la municipalité compte réévaluer le zonage de l’ensemble de son territoire et que le processus prendrait plus d’un an. «Nous ne pouvons pas être mêlés à tout le rezonage de Beaurivage. Ça va prendre beaucoup trop de temps», a signalé Mme McNaughton, notant que le délai pourrait servir à Coastal Shell pour reprendre ses activités.
«Nous pourrions avoir à recommencer à zéro et je n’en ai pas la force.»
John Thompson s’est levé et s’est exprimé de manière plus caustique.
«Si vous n’allez pas de l’avant, vous pouvez bien parler de démographie et de merde de poulet autant que vous le voudrez. Ça ne fera pas de différence.» S’identifiant lui-même comme anglophone avec des origines acadiennes, il a laissé entendre que les parents francophones risquent de prioriser la santé de leurs enfants et de les envoyer dans une école anglophone au lieu de Soleil Levant, qui se trouve à quelques mètres de l’usine.
«Si j’étais de ces parents, j’aurais soumis une contestation judiciaire», a-t-il suggéré, évoquant les droits linguistiques. «Je crois sincèrement que l’on doit utiliser la position de l’école pour faire avancer le dossier de façon positive», a acquiescé le conseiller de Richibucto, Roger Doiron.
«Je serais très déçu de voir l’école Soleil Levant disparaître.» Une ancienne enseignante s’est d’ailleurs levée pour faire part de son expérience et a rappelé les difficultés que peut représenter la combinaison des odeurs et de la canicule pour les enfants en apprentissage.
«J’ai enseigné là, et on fermait les fenêtres parce que la peste était prise [...] Comment est-ce que des adultes peuvent faire ça à des enfants?», a-t-elle lancé avant de demander aux représentants municipaux s’ils avaient déjà vécu l’expérience des odeurs.
Ayant été coupé dans sa réponse, le maire a indiqué que l’intervention de deux minutes de la dame était terminée, soulignant le tout à coups de maillet. Deux hommes se sont alors levés pour invectiver M. Vautour avant de sortir. «Nous nous sommes tous battus avec le Comité et vous, vous avez fait sweet fuck all!», a crié l’un d’eux en pointant les conseillers du doigt.
Charles Daigle, qui est allergique aux crustacés, s’est levé et a pris la parole d’un ton plus calme, quoiqu’ébranlé, notant qu’il avait souffert d’un choc anaphylactique.
«Juste en me rendant à mon auto, j’ai failli mourir», a-t-il dit, ajoutant qu’il n’est pas en mesure de déménager.
«Je vous en supplie, aidez-moi s’il vous plaît avant que je ne meure.»