Acadie Nouvelle

Le rapport sur l’emploi laisse planer le doute sur une baisse des taux en juin

Les chances d’une réduction des taux d’intérêt de la Banque du Canada en juin semblent se rétrécir avec le dernier rapport sur l’emploi de Statistiqu­e Canada qui montre que l’économie canadienne a ajouté 90 000 emplois le mois dernier.

- Nojoud Al Mallees

La création d’emplois a largement dépassé les attentes des prévisionn­istes et constitue la plus forte augmentati­on de l’emploi depuis plus d’un an.

Le taux de chômage est demeuré stable à 6,1% au pays en avril.

Selon Statistiqu­e Canada, la hausse de l’emploi au pays en avril a été majoritair­ement attribuabl­e au travail à temps partiel, qui a augmenté de 1,4%, et au secteur privé.

Aux yeux de James Orlando, directeur économique de la TD, les chiffres de l’emploi ont été un «véritable choc» et ceux-ci «n’étaient même pas dans le domaine des prévisions de qui que ce soit».

La hausse de l’emploi en avril constitue la plus forte augmentati­on mensuelle depuis janvier 2023.

Le rapport de vendredi intervient alors que les économiste­s s’attendaien­t largement à ce que la banque centrale commence à abaisser son taux directeur en juin ou juillet. La Banque du Canada a été particuliè­rement encouragée par les progrès réalisés en matière d’inflation et a signalé qu’elle se rapprochai­t d’une baisse des taux.

Mais les derniers chiffres sur l’emploi rendent les marchés financiers moins certains d’une baisse des taux d’intérêt le mois prochain.

La TD prévoit toujours une première réduction en juillet. D’après M. Orlando, attendre jusqu’en juillet donnerait à la banque centrale plus de certitude qu’elle ne réduirait pas les taux d’intérêt prématurém­ent.

«Cela donne simplement à la Banque du Canada un peu plus de temps pour s’assurer que l’environnem­ent économique actuel (...) n’entraîne pas une hausse de l’inflation», affirme-t-il.

L’enquête sur la population active d’avril suggère qu’il y a peut-être un meilleur dynamisme économique au deuxième trimestre, ce qui pourrait se traduire par une hausse des dépenses de consommati­on, avance M. Orlando.

Des emplois se sont notamment ajoutés dans les secteurs des services profession­nels, scientifiq­ues et techniques, des services d’hébergemen­t et de restaurati­on, des soins de santé et de l’assistance sociale, ainsi que des ressources naturelles.

L’emploi a cependant reculé dans le secteur des services publics.

Le salaire horaire moyen des employés a progressé de 4,7% d’une année à l’autre le mois dernier, après avoir augmenté de 5,1% en mars.

SE FIER AUX TENDANCES À LONG TERME

L’économiste en chef de BMO, Douglas Porter, considère également que le rapport de vendredi donne à la Banque du Canada «une certaine pause».

Mais M. Porter croit que la banque pourrait choisir de se concentrer davantage sur les tendances à long terme, ce qui suggère qu’une stagnation de l’économie s’accentue.

M. Porter mentionne que BMO s’attend toujours à une première réduction des taux d’intérêt en juin, mais il précise que cette décision nécessiter­ait que le prochain rapport sur l’inflation montre des progrès significat­ifs.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a généraleme­nt mis l’accent sur les tendances plutôt que sur un rapport économique particuliè­rement fort ou faible.

Si l’on considère la situation dans son ensemble, il est clair que la hausse des taux d’intérêt a eu des conséquenc­es néfastes sur la croissance économique et sur le marché du travail.

La croissance démographi­que a dépassé la création d’emplois au cours de l’année dernière, ce qui a fait grimper le taux de chômage d’un point de pourcentag­e. Il y avait 1,3 million de personnes au chômage en avril.

Par rapport à l’année dernière, le chômage est en hausse dans tous les principaux groupes démographi­ques, les jeunes étant les plus touchés, a indiqué Statistiqu­e Canada.

Bien que le rapport de vendredi ait modifié les attentes, les économiste­s affirment que le rapport sur l’inflation d’avril sera le facteur décisif lorsqu’il s’agira de décider si la Banque du Canada réduira ou non ses taux d’intérêt en juin.

«Si l’inflation montre une nouvelle tendance à la baisse, je pense que cela ouvre la porte à une éventuelle réduction en juin», soutient M. Orlando à propos de la Banque du Canada.

«Mais ils doivent considérer les choses de manière assez globale. Et la durabilité de l’inflation, tombée à environ 2%, dépend de l’économie qui ne reprend pas trop», ajoute-t-il.

L’inflation annuelle du Canada était de 2,9% en mars, dans la fourchette cible de 1 à 3% de la banque centrale. Les mesures de l’inflation fondamenta­le, qui excluent la volatilité des prix, ont également continué à baisser.

Le taux d’intérêt directeur de la Banque du Canada se situe actuelleme­nt à 5%, soit son niveau le plus élevé depuis 2001. Sa prochaine décision sur les taux d’intérêt est prévue pour le 5 juin. ■

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La hausse de l’emploi en avril constitue la plus forte augmentati­on mensuelle depuis janvier 2023. - La Presse Canadienne: Sean Kilpatrick

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