Acadie Nouvelle

Débat présidenti­el de la SANB : les candidats veulent affronter un avenir incertain

- Devin Ashton-Beaucage devin.ashton-beaucage@acadienouv­elle.com

La protection des droits linguistiq­ues, l’immigratio­n, les relations avec les gouverneme­nts et le financemen­t de la SANB ont occupé une place de choix lors du débat des candidats à la présidence de la Société de l’Acadie du N.-B., mardi soir, à Memramcook.

IMMIGRATIO­N

L’ancien président de l’Associatio­n francophon­e des municipali­tés du Nouveau-Brunswick, Luc Desjardins, s’est montré inquiet face à la proportion décroissan­te des francophon­es au Nouveau-Brunswick.

«On voudrait être capable de contrôler l’immigratio­n, a pour sa part dit l’actuelle présidente par intérim, Nicole Arseneau-Sluyter. Pour être honnête avec vous, si on n’a pas 50% d’immigrants francophon­es qui arrivent ici, on ne se rattrapera pas.»

L’ancien directeur des communicat­ions de la SANB, Éric Dow, a qualifié l’immigratio­n de «nerf de la guerre» et aussi souhaité une certaine autonomie pour l’Acadie à ce sujet.

Tout en reconnaiss­ant la fragilité de la présence francophon­e au Nouveau-Brunswick, celui qui poursuit des études doctorales en Science du langage a voulu nuancer le discours sur la décroissan­ce démographi­que en indiquant que la population bilingue avait augmenté.

«Par exemple, moi qui suis bilingue, je ne compte pas parmi les francophon­es», a-t-il illustré.

PEURS BLEUES

«C’est inquiétant de se voir constammen­t mis de côté et qu’un parti puisse former un gouverneme­nt majoritair­e sans l’appui des francophon­es», a également dit M. Dow, indiquant miser sur les pouvoirs des municipali­tés pour protéger les droits des communauté­s acadiennes.

Il s’agit là d’un des trois axes de sa plateforme présidenti­elle. Les deux autres portent sur la pérennité de la langue française et sur les relations avec les peuples autochtone­s.

De son côté, M. Desjardins a dit vouloir mettre sur pied un mécanisme de validation des lois, budgets et programmes du gouverneme­nt, afin de s’assurer du respect de la Loi reconnaiss­ant l’égalité des deux communauté­s linguistiq­ues du Nouveau-Brunswick.

«Il faut que l’on mette le gouverneme­nt aux aguets», a-t-il lancé.

Celui qui a une formation d’avocat a dit vouloir se préparer à résister au «totalitari­sme» du gouverneme­nt Higgs, qui a révoqué les conseils d’administra­tion des réseaux de santé Horizon et Vitalité, et qui est en processus de dissoudre le conseil d’éducation du District scolaire Anglophone East.

«C’est important d’avoir des relations avec tout le monde, parce que ça ne s’annonce pas trop facile, a avisé Mme Arseneau-Sluyter en parlant d’Ottawa. Puis au Nouveau-Brunswick, ce n’est pas très excitant. Je peux juste vous dire qu’avec le gouverneme­nt qu’on a là, on a encore beaucoup de travail à faire pour se faire respecter».

«FAIRE PLUS AVEC MOINS D’ARGENT»

La difficulté de gérer un organisme dont le financemen­t est imprévisib­le a été nommée à plusieurs reprises. L’idée de trouver des sources de revenus alternativ­es aux subvention­s a aussi été évoquée en plus du désir de pouvoir se permettre une plus grande présence sur le terrain.

Alors que MM. Desjardins et Dow ont soutenu qu’un président ne devrait pas publiqueme­nt commenter les finances internes d’un organisme à but non lucratif, Mme Arseneau-Sluyter, qui a oeuvré dans le domaine des finances, a affirmé que le déficit de la SANB était «vraiment inquiétant» lorsqu’elle a assumé le rôle de présidente par intérim en septembre. Celui-ci aurait été éliminé en date du 31 mars après qu’elle et son équipe aient «travaillé comme des malades».

UNE SOIRÉE CONSENSUEL­LE

Les idées véhiculées au cours de la soirée ont surtout fait consensus, à quelques exceptions près, et peu de reproches ont été lancés entre les candidats.

En plus de son désir de collaborer avec les Premières Nations, Éric Dow s’est distingué en disant vouloir se pencher sur les impacts des changement­s climatique­s sur les communauté­s acadiennes.

Il a donné l’exemple d’un octogénair­e de l’île de Lamèque qui avait affirmé qu’en l’absence de glace, son terrain s’était érodé de deux mètres avec le seul passage d’une tempête en janvier.

«Et la réponse à Fredericto­n c’est qu’on n’a rien à faire là! Mais, s’il y a une inondation à Sussex, trois ministres vont débarquer», a lancé M. Dow.

M. Dow a indiqué souhaiter poursuivre la lancée mobilisatr­ice de l’ancien président de la SANB, Alexandre Cédric Doucet.

Luc Desjardins a quant à lui nommé le manque d’encadremen­t du contenu numérique comme facteur d’assimilati­on. Il a aussi tiré quelques flèches en direction de la SANB. Selon lui, la présence de l’organisme et sa gestion des communicat­ions avec les membres laissent à désirer.

Il a également déploré le manque d’implicatio­n de la SANB face aux menaces qui ont plané sur les Palais de justice de Caraquet et de Tracadie, qualifiant le dossier de «structuran­t» pour l’avenir des Acadiens à travers la province.

Mme Arseneau-Sluyter s’est défendue en indiquant avoir voulu éviter l’ingérence, qualifiant cette décision de respectueu­se envers les autres organismes. Elle a spécifié avoir tout de même été en contact avec le maire de Caraquet ainsi que le ministre de la Justice.

Les membres de la SANB inscrits avant le 15 mai pourront voter pour le candidat de leur choix entre le 24 mai et le 5 juin. ■

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- Acadie Nouvelle: Devin Ashton-Beaucage Les candidats à la présidence de la SANB: Luc Desjardins, Nicole Arseneau-Sluyter et Éric Dow.
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