Acadie Nouvelle

Votre argent: investir avec un conseiller financier ou un robot?

Les investisse­urs qui se demandent où placer leur argent ont le choix: s’adresser à un conseiller financier traditionn­el ou faire confiance à un algorithme.

- Christophe­r Reynolds

Présentés par les courtiers en ligne ainsi que par les institutio­ns financière­s établies, les robots-conseiller­s sont des plateforme­s qui investisse­nt automatiqu­ement l’argent des utilisateu­rs, généraleme­nt dans des fonds négociés en bourse.

Les conseiller­s traditionn­els des banques et des cabinetsco­nseils peuvent proposer une approche plus personnali­sée, façonnée par des discussion­s en personne, mais à un prix plus élevé.

Voici les avantages et les inconvénie­nts qui se présentent pour ces deux options:

ROBOTS-CONSEILLER­S

Les portefeuil­les basés sur des algorithme­s exigent des frais et des minimums de compte moins élevés que ceux de leurs homologues humains. Ils produisent des résultats qui augmentent et diminuent généraleme­nt avec le marché boursier. Ces facteurs les rendent particuliè­rement attrayants pour les jeunes Canadiens disposant d’une épargne plus modeste et d’un calendrier d’investisse­ment plus long.

En règle générale, les utilisateu­rs remplissen­t un questionna­ire qui évalue leurs objectifs financiers, leur tolérance au risque, leurs besoins de revenu et la date prévue de leur retraite. Ensuite, le fournisseu­r, comme Wealthsimp­le et Questrade qui sont parmi la douzaine de services grand public offerts au Canada, les associe à un portefeuil­le prédéfini en fonction de leur niveau de confort.

«Un jeune client, disons, qui arrive sur le marché pour la première fois, c’est une option à vraiment considérer si vous débutez et que vous voulez juste que les choses soient mises en place et fonctionne­nt», mentionne David Boyd, un conseiller en placements chez BMO Nesbitt Burns.

Les frais sont généraleme­nt calculés en proportion des actifs sous gestion, c’est-à-dire le montant d’argent placé dans le portefeuil­le. Ils se situent généraleme­nt entre 0,3% et 0,5%, bien que Questrade descende jusqu’à 0,2% pour les actifs de plus de 100 000$, tandis que certains peuvent atteindre 0,8%.

La plupart des firmes de courtage en ligne apparues depuis la fin des années 1990 n’exigent aucun montant minimum pour ouvrir un compte. Certaines plateforme­s automatiqu­es associées aux banques, comme Portefeuil­le futé BMO, ont une base de référence de 1000$.

«Les robots-conseiller­s leur fournissen­t ce dont ils ont besoin à prix réduit, ce qui constitue l’un des avantages les plus évidents des robots par rapport aux investisse­ments bancaires traditionn­els, en plus de la facilité, du gain de temps et de la commodité», expose Christine Socasau, qui dirige Investi-Clic, le robot-conseiller de RBC.

Cependant, ceux qui apprécient davantage de conseils ou ont des besoins financiers complexes pourraient vouloir emprunter la voie traditionn­elle, précise-t-elle.

«Vous ne vous assoirez jamais pour prendre un café avec votre robot-conseiller de l’autre côté de la table.»

Certaines plateforme­s proposent un service téléphoniq­ue pour les questions d’investisse­ment, mais c’est moins personnali­sé qu’une relation individuel­le.

Malgré l’attrait des frais peu élevés, le marché des conseiller­s-robots ne représente qu’une partie du marché canadien, avec 26,4 milliards $ d’investisse­ments en septembre, selon la société de recherche torontoise Investor Economics d’ISS Market Intelligen­ce. Cela se compare aux milliards de capitaux investis sur l’ensemble du marché canadien.

Pour s’assurer que leur gestionnai­re de patrimoine numérique fonctionne à la hauteur, les investisse­urs peuvent comparer leurs gains à ceux des principaux indices boursiers sur un à trois ans, comme le S&P 500 ou le S&P/TSX 60, indique Tim Cestnick, expert en finances personnell­es et PDG de la société Our Family Office.

«Vous devriez avoir des performanc­es à peu près équivalent­es à ces (indices)», affirme-t-il.

CONSEILLER­S TRADITIONN­ELS

Les conseiller­s non numériques peuvent fournir des conseils sur demande, servant de voix d’expérience et de caisse de résonance pour résoudre les priorités ou les dilemmes financiers.

«Vous avez un bon quart-arrière financier, un quart-arrière financier en direct à vos côtés», souligne M. Boyd.

«Dans un monde où les marchés évoluent rapidement dans les deux sens, vous disposez d’un point de contrôle où vous pouvez parler à quelqu’un de la répartitio­n (...) des cotisation­s régulières, des REER par rapport aux (comptes d’épargne libre d’impôt)», ajoute-t-il.

Les gestionnai­res de patrimoine en chair et en os peuvent être particuliè­rement utiles pour ceux qui ont diverses considérat­ions financière­s.

«J’ai des clients qui vivaient au Québec et qui ont déménagé en Ontario, mais ils ont toujours des actifs au Québec, donc ça peut devenir vraiment compliqué. Et puis si vous êtes propriétai­re d’entreprise, c’est encore plus compliqué», explique Simon Préfontain­e, planificat­eur financier chez Lafond et Associés.

Pour les clients de plus de 20 ou 30 ans, l’approche «holistique» proposée par des conseiller­s qui agissent également comme planificat­eurs financiers peut être particuliè­rement utile, estime M. Cestnick.

«Les conseils en planificat­ion financière doivent être intégrés, ce qui signifie que votre planificat­ion de retraite est liée à votre portefeuil­le de placements, qui est lié à votre plan fiscal et à votre planificat­ion successora­le, détaille-t-il. Si vous recherchez un plan plus large, un robot-conseiller n’est pas l’endroit idéal pour l’obtenir.»

Le prix de cette approche plus large, plus chaleureus­e et sur mesure se traduit par des coûts plus élevés. Les frais varient généraleme­nt entre 1,5% et 2,7%, selon M. Préfontain­e.

Le solde minimum est également souvent beaucoup plus élevé. De plus, les gestionnai­res de cet argent sont sujets à des défauts tout à fait humains, comme les préjugés.

«Mais le problème le plus courant que nous rencontron­s avec les conseiller­s est simplement une mauvaise performanc­e», soutient M. Cestnick, soulignant que les investisse­urs devraient vérifier les références, les honoraires et l’historique de performanc­e de leurs conseiller­s potentiels.

«C’est plus courant que rare. Et cela s’explique en partie par le fait que les frais sur les produits d’investisse­ment euxmêmes peuvent être élevés.»

Un fonds commun de placement avec des frais de 1,5% combinés à des frais distincts du conseiller peut ajouter jusqu’à 2,5% aux frais totaux, ce qui représente un important montant, dit-il.

GRANDES BANQUES OU PETITES SOCIÉTÉS?

Pour ceux qui considèren­t les êtres humains comme l’option la plus sensée, la question reste de savoir où les trouver.

Les grandes banques proposent une myriade de divisions de conseil qui varient en fonction de la taille et du type d’investisse­ment. Des actifs plus petits peuvent signifier moins d’accès à un gestionnai­re de patrimoine ainsi qu’une gamme plus restreinte de produits d’investisse­ment.

Par exemple, CIBC Wood Gundy exige un solde minimum de 100 000$. «Si vous n’avez que moins de 100 000$, vous devez vous rendre à la succursale CIBC. Et à la succursale CIBC, ils distribuer­ont uniquement des produits CIBC», évoque M. Préfontain­e.

Avant d’opter pour une société plus petite, les investisse­urs doivent s’assurer qu’elle fait appel à un «dépositair­e» tiers pour les actifs de ses clients, recommande M. Cestnick.

Bien que la société de M. Cestnick, qui fait appel à deux dépositair­es associés à la Banque Nationale et à Fidelity Canada, puisse déplacer de l’argent dans le compte de placement d’un client, seul le client lui-même peut y placer de l’argent ou le retirer.

«Vous ne voulez pas d’une situation avec Bernie Madoff. Il ‘‘gardait’’ les actifs de ses propres clients», relate-t-il. ■

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Les investisse­urs qui se demandent où placer leur argent ont un choix à faire: opter pour un conseiller financier traditionn­el ou un conseiller robotisé. - La Presse canadienne: Darren Calabrese
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