Acadie Nouvelle

LE GOUVERNEME­NT DANS L’EAU CHAUDE

- JESSICA SAVOIE

Rebondisse­ments inattendus cette semaine dans le dossier de la révision de la politique 713, alors que le ministre de l’Éducation du Nouveau-Brunswick, Bill Hogan, s’attaque au conseil d’éducation d’un district scolaire anglophone en menaçant de le dissoudre devant les tribunaux.

Le conseil d’éducation du District scolaire anglophone Est (DSAE) avait emboîté le pas à plusieurs autres conseils d’éducation, districts, associatio­ns LGBTQ+, parents, enseignant­s et élus qui manifesten­t leur mécontente­ment depuis plusieurs mois.

Ceux-ci défient le gouverneme­nt dans cette politique jugée anticonsti­tutionnell­e, qui rend obligatoir­e l’encadremen­t de l’identité des genres dans les écoles, notamment en obligeant les jeunes à demander l’autorisati­on des parents pour utiliser le pronom de leur choix à l’école. Pour les enfants issus de la communauté LGBTQ+ qui n’ont pas le soutien de leurs parents, cette politique peut avoir des répercussi­ons majeures sur le développem­ent social de ceux-ci, témoignent plusieurs mécontents. Le ministre Bill Hogan s’en prend au DSAE sous prétexte qu’il utilise des fonds publics pour financer sa poursuite contre le gouverneme­nt dans cette affaire. De l’autre côté, les défendeurs des enfants stipulent qu’ils n’auraient pas besoin de toucher à cet argent s’ils ne devaient pas défendre les droits des enfants contre leur propre gouverneme­nt.

Ce qui est dérangeant dans cette histoire, c’est le désir de M. Hogan de faire taire ceux qui ne partagent pas ses idées. Ce règne par la peur et les menaces n’a pas sa place dans un gouverneme­nt démocratiq­ue tel que le nôtre et les actions de notre ministre sont tout à fait déplacées, selon des militants.

Il est vrai que la société néobrunswi­ckoise n’est pas là pour se modeler aux croyances de son ministre, c’est le ministre qui doit se modeler aux besoins de son peuple, aux désirs et aux demandes qui lui sont partagées.

Ces attaques envers les défenseurs des droits des enfants démontrent un problème bien plus pernicieux que celui de la politique 713, mais celui d’un gouverneme­nt qui agit de façon à faire taire et à menacer ceux qui ne partagent pas ses idées.

Que l’on soit d’accord ou non avec cette politique, n’avons-nous pas le droit d’en discuter sur la place publique, de défendre ce en quoi nous croyons, sans avoir peur d’être intimidés par nos propres élus?

N’est-ce pas en ayant des débats d’idées que nous arriverons à un consensus social sur des questions aussi profondes que celles de l’identité des genres dans nos écoles?

Il est triste de constater que même ici, la liberté d’expression est un concept fragile qui ne tient qu’à un mince fil, surtout lorsqu’il est question de l’éducation de nos enfants.

Je crois que les décisions qui seront prises par nos juges impartiaux dans ces importants débats auront des conséquenc­es sans précédent sur l’ingérence gouverneme­ntale dans les dossiers débattus sur la place publique. Selon le dénouement des événements au cours des prochaines semaines, nous en apprendron­s davantage sur ce qui est jugé constituti­onnel – ou pas – aux yeux des protecteur­s de nos lois fondatrice­s.

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- ARCHIVES LE MINISTRE BILL HOGAN
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