LES HISTOIRES DERRIÈRE LES FILMS
LA DÉESSE DES MOUCHES À FEU, Geneviève Pettersen
Avant même que le troisième long métrage de fiction de la réalisatrice québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette voie le jour, il y a eu le roman éponyme de Geneviève Pettersen.
La déesse des mouches à feu c’est l’histoire de Catherine, 14 ans, qui raconte sans censure sa vie d’adolescente rebelle, éprise de liberté avec toute la prise de risque que cela comporte. Enfant de divorcés, elle relate avec ses propres mots toutes ses premières fois. Sa découverte de la drogue, de l’alcool, ses amours, ses rencontres, ses amis, les fêtes, tout y passe.
Le récit se déroule au milieu des années 1990 à Chicoutimi à l’époque du discman et du punk-rock peu de temps avant le déluge au Saguenay qui a emporté la moitié de la ville. La langue est crue, réaliste, sans flafla et le ton est juste. C’est le regard d’une adolescente sur le monde qui l’entoure et sur ses propres expériences. Au fil des pages, on suit son périple à travers les brumes et sa quête pour trouver sa place dans sa bande d’amis. Il s’agit d’un roman plein de vérités qui nous replonge dans l’insouciance de l’adolescence.
Tout commence à l’anniversaire de Catherine pendant laquelle éclate une violente dispute entre ses parents, suivi de l’écrasement du jeep de sa mère dans un arbre. Les engueulades entre ses parents, plutôt déséquilibrés, se multiplient. Pendant ce temps, la jeune fille qui rêve d’avoir un look à la Mia Wallace (Pulp Fiction) explore le monde des drogues, le sexe et les partys dans un camp en retrait de la ville. La mescaline aura de plus en plus d’emprise sur sa vie. Dépassés par les événements, les parents tenteront de ramener leur fille sur le droit chemin, mais sans succès. Ce roman se lit tellement bien même si le récit est parfois assez sombre.
Avec son film, Anaïs Barbeau-Lavalette réussit à recréer cette atmosphère chaotique, trash et éclatée du roman, même si l’histoire n’est pas racontée par la voix de l’adolescente comme dans le livre. Elle est incarnée par une distribution solide et les images parlent d’elles-mêmes. Le récit est essentiellement le même, moins quelques détails et certains passages réaménagés pour les besoins du cinéma. C’est une histoire prenante, touchante et pleine d’ardeur. La trame musicale qui est merveilleuse contribue également à donner vie au récit. On retrouve notamment une vingtaine de pièces dont une superbe version de la chanson Voyage Voyage réinterprétée par la chanteuse Soap & Skin. (Le Quartanier Éditeur, 2014). ♥♥♥♥
ZÉNITH ZENITH, Jalianne Li, Chris LeBlanc et Marie-Luce Quéverdo, musique de Shaun Ferguson
Zénith Zenith nous entraîne dans les paysages de la Vallée de Memramcook où les artistes de la danse évoluent en pleine nature sur une musique du guitariste Shaun Ferguson. Sa musique se greffe au bruit des feuilles, du vent, de l’eau et au chant des oiseaux. Elle devient en quelque sorte le troisième personnage de ce court métrage de danse. La guitare et la flûte traversière qui se marient bien au paysage mettent de l’avant le langage de la danse. On peut entendre deux pièces, Ascensions et Zénith,
tirées de son premier album paru en 2011 qui se fondent l’une dans l’autre. Ascensions
a été inspirée par une sorte d’état d’élévation, tandis que Zénith a été composée à l’époque où le musicien faisait le deuil de sa vingtaine.
Jalianne Li explique qu’elle a toujours été attirée par la musique de Shaun Ferguson qui puise ses inspirations dans plusieurs styles musicaux. Très instinctives, ses compositions ont quelque chose de cinématographique, le musicien ayant cette capacité de créer des ambiances. La musique a été choisie après avoir réalisé le tournage des scènes de danse. C’est la particularité de ce film puisqu’ils ont agi à l’inverse de ce qui se fait habituellement en danse. Les compositions de Shaun Ferguson viennent se rattacher aux danseurs et à l’esprit qui se dégage du film. Zénith Zenith qui met en vedette Jalianne Li et Marie-Luce Quéverdo illustre un sentiment de calme et de plénitude. Ce film a été réalisé dans le cadre du Festival de danse contemporaine de Saint-Jean. ♥♥♥½