LES USINES DE TRANSFORMATION SONT-ELLES PRÊTES?
Si - officiellement - les usines de transformation se disent prêtes à recevoir leurs premiers chargements de crabe des neiges en fin de semaine, elles se préparent, à mots couverts, à vivre «une année d’enfer».
À moins d’un changement de dernière minute (mauvaises prévisions météo ou une volte-face de la ministre Bernadette Jordan qui déciderait de retarder le début de la saison en raison de la COVID-19), les crabiers de la Péninsule acadienne prendront le large vendredi matin, sur le coup de 10h. Direction zone 12, dans le golfe du Saint-Laurent, le plus important territoire de capture de ce crustacé.
Les navires devraient donc retoucher terre dimanche ou tôt lundi avec leurs premières cargaisons, qui prendront rapidement la route des usines où le crabe sera cassé, cuit et transformé.
Coronavirus oblige, ces mêmes usines ont travaillé d’arrache-pied depuis quelques semaines et investi des sommes importantes afin de préparer leurs installations à temps pour faire face à une situation jamais vue.
Elles sont prêtes autant que faire se peut, assure Gilles Thériault, président de l’Association des transformateurs de crabe du Nouveau-Brunswick, qui regroupe une douzaine d’entreprises et donne de l’ouvrage à près de 2500 personnes.
«Nous avons apporté tous les changements demandés et nous sommes même allés plus loin que les exigences de la Santé publique. Les transformateurs ont tout mis en place pour protéger leurs employés et la communauté. Et même si nous nous aventurons dans un terrain nouveau avec beaucoup d’inconnus, nous sommes satisfaits de ce qui a été fait», relate-t-il.
Plexiglas entre chaque station de travail. Port obligatoire d’une visière longue, de lunettes de protection et de masques. Les équipes de travailleurs entreront dans les édifices par groupes restreints. Aucun croisement ne sera toléré. En tout temps en dehors des installations de traitement (cafétéria, toilettes, etc.), la distanciation d’au moins deux mètres sera obligatoire. La température des employés sera prise à l’entrée. Leur état de santé devra montrer patte blanche, sinon ils seront renvoyés manu militari à la maison. Pas de passe-droit.
Des restrictions s’appliquent même à l’extérieur des lieux des usines. L’employeur limitera à deux le nombre de personnes dans une automobile en cas de covoiturage. Le passager devra s’asseoir à l’arrière, en diagonale du conducteur. Le conducteur aura aussi le mandat de nettoyer et désinfecter son véhicule.
«On va marcher les fesses serrées et il n’y aura pas de pardon», nous dit un responsable d’une usine de transformation qui désire garder l’anonymat. ■