SE REMETTRE DE L’HORREUR
Les enquêteurs en Nouvelle-Écosse affirment que l’utilisation par le tireur d’un faux véhicule de police et d’un uniforme de la GRC pratiquement identique au véritable vêtement de travail l’a aidé à fuir sans être détecté, laissant derrière lui 16 scènes de crime dans un massacre qui a fait au moins 19 morts.
La GRC a précisé lundi que la tuerie de la fin de semaine en Nouvelle-Écosse avait fait au moins 19 morts, dont le tueur, mais que ce bilan devrait s’alourdir à mesure que l’enquête progressera.
L’inspecteur-chef Chris Leather, de la GRC, affirme que les enquêteurs continuent de fouiller 16 scènes de crime dans le centre et le nord de la province. Or, cinq de ces scènes de crime impliquent des bâtiments incendiés et les enquêteurs s’attendent à ce que davantage de corps y soient retrouvés.
Selon M. Leather, certaines des victimes étaient connues du tueur alors que d’autres n’étaient pas du tout liées.
Les enquêteurs tenteront de faire la lumière sur l’une des pires tueries à survenir au Canada. Le tireur a été tué, dimanche, après que la police l’eut intercepté à une station d’essence à Enfield.
«Nous n’aurons jamais l’occasion d’interroger le sujet, a déclaré M. Leather, mais nous pouvons dire que sa capacité à se déplacer dans la province sans être détecté a sûrement été grandement favorisée du fait qu’il avait un véhicule qui semblait identique en tous points à une voiture de police identifiée, et qu’en plus, il portait un uniforme de police soit de très bonne fabrication, soit un véritable uniforme de police».
LE PORTRAIT DES VICTIMES
On commençait à en savoir un peu plus, lundi, sur certaines des victimes.
On sait maintenant que le tueur a assassiné notamment une policière de la GRC, une enseignante, deux infirmières, deux agents correctionnels et des voisins de Portapique, petite communauté rurale surplombant la baie de Cobequid.
Le président du Syndicat des enseignants de la Nouvelle-Écosse a exprimé sa tristesse d’avoir perdu «l’une des nôtres», après la publication de l’avis de décès de Lisa McCully, enseignante à l’école primaire de Debert, située à une vingtaine de minutes en voiture de Portapique, où a débuté samedi soir la sinistre tragédie. Paul Wozney a indiqué que Mme McCully était connue comme une enseignante passionnée, qui aimait la vie, et qui a été «victime de cette violence insensée».
Le syndicat a eu aussi un bon mot pour la policière Heidi Stevenson, mère de deux enfants, une «vétérane de 23 ans» au sein de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), «qui a donné sa vie en répondant à un appel».
DES INFIRMIÈRES, DES AGENTS CORRECTIONNELS, DES VOISINS...
Darcy Dobson a écrit sur Facebook que sa mère, Heather O’Brien, une infirmière de Truro, en Nouvelle-Écosse, était du nombre des victimes.
«La douleur va et vient par vagues. J’ai l’impression d’être en dehors de mon propre corps. Cela ne peut pas être réel», a écrit Mme Dobson. «À 9h59, elle a envoyé son dernier texto à notre groupe de discussion familial. À 10h15, elle était partie. Elle a roulé en voiture dans la même rue de la même ville qu’elle traverse chaque jour», a-t-elle écrit.
Kelly Blair a perdu son frère cadet bienaimé Greg, 45 ans, et sa femme Jamie, 40 ans, abattus chez eux à Portapique. Le couple dirigeait une petite entreprise d’appareils au gaz naturel et au propane. La tante, Judy MacBurnie, a indiqué que les Blair avaient deux jeunes enfants, qui sont maintenant pris en charge par leurs grands-parents, et que Greg Blair avait également deux fils plus âgés, nés d’une précédente union.
Pour Kelly Blair, son «frère et meilleur ami» a été abattu sans raison. «Pourquoi? Simplement pourquoi?», se demandait-elle lors d’un bref entretien téléphonique, lundi.
Taylor McLeod a confirmé de son côté que son père Sean McLeod et l’épouse de celui-ci, Alanna Jenkins, de Wentworth, faisaient aussi partie des victimes. Tous les deux étaient agents correctionnels - Mme Jenkins à l’Établissement Nova pour femmes, à Truro, M. McLeod à l’Établissement de Springhill, depuis plus de 20 ans.
Tammy Oliver-McCurdie, elle, a appris dimanche soir que sa soeur, son beau-frère et sa nièce, voisins du tueur, avaient été retrouvés morts dans leur maison de Portapique. Jolene Oliver, qui aurait eu 40 ans cette année, son mari Aaron Tuck, 45 ans, et leur fille de 17 ans avaient déménagé dans cette localité après la mort du père de M. Tuck il y a quelques années. ■