Les membres de la communauté malentendante reconnus à Fredericton
Les membres de la communauté malentendante du Nouveau-Brunswick ont pu comprendre, à l’aide d’interprètes en langue des signes, les directives de leur premier ministre en direct pour la première fois, cette semaine. Cette reconnaissance est pour eux une victoire importante, mais elle représente surtout un grand réconfort en cette période de crise pandémique.
Deux interprètes en langue des signes accompagnent le premier ministre Blaine Higgs et la médecin-hygiéniste en chef, Jennifer Russell, lorsqu’ils font le point sur la situation de la COVID-19 en direct de Fredericton.
Chacune des conférences de presse en lien avec la pandémie sont traduites en langue de signe américain (ASL) et québécois (LSQ) sur le site web et le Facebook du gouvernement provincial.
Lynn Leblanc, la directrice générale des Services aux sourds et malentendants du N.B. (SSMNB), souligne que ce genre de service n’est pas un luxe, mais bien un besoin fondamental pour les gens de la communauté, qui n’ont souvent pas la capacité de lire ou s’informer autrement.
«La crise est devenue sérieuse», a-t-elle souligné, mardi.
«Nos membres ont besoin de savoir comment se protéger, comment protéger leurs voisins et leur famille.»
Mme Leblanc avance que les membres de la communauté malentendantes étaient jusqu’à présent laissés dans l’ombre.
Certains auraient même ressenti que leurs vies n’avaient pas d’importance aux yeux du gouvernement, a témoigné la directrice.
«Ce qu’ils voyaient, c’était les grands titres qui indiquaient “État d’urgence!”, mais ils ne comprenaient pas pourquoi. Ils se disaient “Qu’est-ce qui nous a amenés jusqu’ici? Qu’est-ce que ça veut dire? Qu’est-ce qu’on doit faire?»
DES EFFORTS FRUCTUEUX
Les Néo-Brunswickois sourds et malentendants ont uni leurs efforts, au cours de la semaine dernière et jusqu’à dimanche, afin de faire appel au gouvernement.
Dans une série de témoignages vidéos publiés sur la page Facebook de la SSMNB, ils ont exprimé à Fredericton leur déception.
«D’autres provinces canadiennes ont déjà accès à des interprètes et le NouveauBrunswick semble être la seule à ne pas faire pareil, ce qui est incroyablement décevant», a exprimé un homme de Fredericton à l’aide d’une interprète.
«À ce point ici, je compte sur mes enfants (pour accéder aux informations), ce qui ne me convient pas», a témoigné une autre membre de la communauté.
«Je suis censée être le parent et leur expliquer qu’ils seront en sécurité, pas le contraire.»
La directrice de l’agence estime que ces témoignages, qui ont été partagés à maintes reprises à travers la province, ont su attirer l’attention des autorités gouvernementales, qui ont enfin accepté d’embaucher des interprètes. ■