Des maire évoquent la fermeture des frontières de la Péninsule
Le Forum des maires de la Péninsule acadienne demande au premier ministre Blaine Higgs davantage de fermeté dans son message public visant à éviter la circulation non essentielle entre les régions de la province en cette période de pandémie de la COVID-19. La fermeture des frontières à Grande-Anse et à Néguac a été débattue intensément entre les élus, mais elle a été mise en veilleuse pour le moment.
Les élus des 14 municipalités de la région en sont venus à ce consensus tard jeudi soir, après plus de deux heures de réunion téléphonique.
La proposition d’instaurer des blocus aux limites de la région a donné lieu à des échanges intenses, aux dires du président du Forum et maire de Bertrand, Yvon Godin. Et même si elle a été rejetée par la majorité, elle demeure une option si jamais la situation venait à empirer rapidement ou si les ordres de confinement n’étaient pas respectés.
Le groupe propose également que des policiers puissent procéder à des interventions aléatoires aux entrées et sorties des régions afin de demander aux automobilistes les raisons de leurs déplacements.
Le porte-parole a acheminé une lettre officielle au chef du gouvernement à Fredericton, vendredi matin. Il a obtenu un accusé de réception de la part du chef de cabinet du premier ministre, Louis Légère.
«Plusieurs de nos citoyens se déplacent inutilement et ne respectent pas totalement les directives émises. Un faux sentiment de sécurité habite de plus en plus les gens de notre région. Nous considérons que c’est encore plus grave de voir certains citoyens se déplacer dans d’autres régions de la province afin, semble-t-il, d’économiser quelques sous. Ils deviennent, par ce fait, des agents possiblement transmetteurs du virus», indique la lettre approuvée par la totalité les maires.
La Péninsule acadienne a vécu récemment une période de barrage routier, soit lors de la tempête et du blizzard de mars 2019. L’Organisation des mesures d’urgence de la Péninsule acadienne avait notamment collaboré à limiter la circulation routière uniquement pour les besoins essentiels de la communauté et les opérations urgentes.
«Nous ne sommes pas allés aussi loin que les barrages, a admis M. Godin en entrevue au journal. Certains maires auraient aimé qu’on aille jusque là, mais la majorité a trouvé que c’était trop et que ça créerait un sentiment de sécurité qui n’est pas réaliste. C’est un premier pas, nous y allons étape par étape, nous apprécions les actions du gouvernement jusqu’à maintenant.»
Le maire demande également à la communauté de la Péninsule acadienne d’agir comme s’il y avait des cas de la COVID-19 sur le territoire. Pour l’instant, aucun cas n’a été répertorié officiellement dans le NordEst (région qui comprend également la région Chaleur), selon les autorités de la Santé publique. Le secteur de Miramichi a enregistré son premier cas jeudi, alors que la province approche de la centaine d’infections confirmée au nouveau coronavirus.
«Nous sommes presque persuadés qu’il y a des cas chez nous. Arrêtons de nous péter les bretelles. Nous sommes tout simplement chanceux. Nous faisons donc ce qu’il faut pour ne pas en avoir. De toute façon, ce n’est pas un cas qui va nous faire paniquer davantage. Nous voulons prendre des mesures qui vont nous protéger et protéger les autres. On sait que ça va ébranler. Nous ne sommes pas dupes. Mais on a besoin de resserrer les consignes de confinement dans toute la province», poursuit M. Godin.
Depuis quelques jours, plusieurs intervenants ont observé un «faux sentiment de sécurité» dans la région et dénoncé un laisseraller inquiétant dans le respect des mesures de confinement et de distanciation sociale imposées par la province.
À ce sujet, le président du Forum des maires a incité la population d’arrêter de chercher des fautifs, notamment auprès des jeunes, et de commencer à montrer l’exemple en évitant entre autres les rassemblements dans les cafés populaires malgré les interdictions.
«Les jeunes ne sont pas pires que n’importe quel groupe. Ils sont merveilleux, ils sont extraordinaires. On les critique parce qu’ils sont 10 dans un stationnement, alors que nous sommes bien plus à attendre notre café. Ces jeunes vont nous aider à passer à travers cette crise. Ils ont un rôle à jouer auprès de leurs amis, de leurs parents, de leur famille. Arrêtons de leur taper sur la tête. Nous avons tous le devoir de nous montrer plus respectueux des consignes», lance cet ancien directeur d’école. ■