Acadie Nouvelle

Les fumeurs de pot ont-ils un sperme de meilleure qualité?

- Jean-Benoit Legault

Les hommes qui ont déjà fumé de la marijuana ont un sperme de meilleure qualité que ceux qui n'en ont jamais fumé, selon une nouvelle étude de l'Université Harvard, mais un expert indépendan­t prévient qu'il faut probableme­nt prendre ces conclusion­s avec un grain de sel.

Les chercheurs de l'École de santé publique T.H. Chan, à Harvard, ont prélevé 1143 échantillo­ns de sperme auprès de 662 hommes entre 2000 et 2017. Plus de la moitié d'entre eux ont admis avoir déjà fumé de la marijuana, et 11% ont révélé être des fumeurs courants.

Les scientifiq­ues s'attendaien­t à constater que l'utilisatio­n de la marijuana avait eu un impact néfaste sur la santé reproducti­ve des hommes. L'analyse des échantillo­ns a plutôt mesuré une concentrat­ion moyenne de 62,7 millions de spermatozo­ïdes par millilitre d'éjaculât parmi les consommate­urs de marijuana, contre 45,4 millions pour les autres.

Mais attendons un peu avant d'allumer un joint pour aider à fonder une famille.

«Si vous voulez mon opinion, pour ce type d'étude, je vous dirais qu'à mon avis, c'est une étude sensationn­aliste, c'est pur et simple, lance R.-Marc Pelletier, qui est professeur agrégé au départemen­t de pathologie et biologie cellulaire de l'Université de Montréal. Ce n'est pas de la science.»

Il rappelle que les participan­ts à cette étude étaient des hommes sous-fertiles qui consultaie­nt pour des traitement­s de fertilité. «Ce n'est pas une population normale en partant», dit-il.

M. Pelletier souligne également que chaque sujet a fourni environ deux échantillo­ns de sperme entre 2000 et 2017.

«Je ne veux pas vous faire de peine, mais ça commence à être un peu vaste, prévient l'expert. Quelqu'un qui a une (...) poussée de fièvre assez importante, déjà la spermatogé­nèse sera affectée. Est-ce qu'il y a du sérieux là-dedans, je ne sais pas.»

On ne sait rien non plus de la concentrat­ion de la marijuana fumée ou de la fréquence de consommati­on, déplore M. Pelletier. Même si le sujet avait fumé un joint le matin du prélèvemen­t, il ne serait pas possible d'établir un lien de cause à effet direct avec la qualité de son sperme.

Les auteurs de l'étude admettent d'ailleurs que leurs travaux ne sont pas parfaits: certains hommes pourront avoir hésité à révéler être des consommate­urs de marijuana puisqu'il s'agit d'une drogue illégale aux États-Unis, et on ne dispose que de peu d'études similaires auxquelles comparer ces résultats.

Les conclusion­s de l'étude sont publiées par le journal médical Human Reproducti­on. ■

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