Acadie Nouvelle

Un centre national de santé mentale pour détenus verra le jour à Dorchester

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com

Ottawa donne le feu vert à la constructi­on d’une nouvelle installati­on au pénitencie­r de Dorchester destinée à offrir un traitement plus humain à la population carcérale touchée par les maladies mentales.

Le gouverneme­nt fédéral a confirmé cette semaine l’établissem­ent de ce nouveau centre comportant 155 places pour la prestation de soins de santé.

Cela faisait plusieurs années que le Dr Louis Thériault, psychiatre-chef du centre de rétablisse­ment Shepody, au pénitencie­r de Dorchester, attendait ce jour. Qualifiée de «désuète», l’infrastruc­ture actuelle pose plusieurs problèmes de sécurité et n’aide pas à la réhabilita­tion des détenus.

«Il n’y a pas de fenêtre dans toutes les cellules, certaines fenêtres comportent des barreaux. Ce sont de petits corridors étroits où l’on ne peut pas placer des caméras, il y a régulièrem­ent des détenus qui sont tabassés par d’autres détenus, il y a aussi eu un membre du personnel qui s’est fait sauté dessus par un détenu l’an dernier. Ce sont des conditions vraiment déplorable­s.»

Le nouveau bâtiment offrira des services dans les deux langues et pourra héberger des détenus de partout en Atlantique, mais aussi du Québec ou de l’Ontario.

Dix nouvelles places seront réservées aux délinquant­es. Actuelleme­nt, les femmes détenues à la l’établissem­ent pénitencie­r Nova, en Nouvelle-Écosse, doivent voyager à Montréal pour recevoir des soins en psychiatri­e.

Les lieux devraient comprendre des espaces communs plus grands pour éviter les conflits, des jardins et une fenestrati­on plus lumineuse qui permettent d’agir sur les troubles perceptuel­s, la dépression ou la psychose, mais aussi des espaces pour des ateliers de groupes.

«On veut en faire un centre d’excellence national qui inspire les traitement­s de la population carcérale partout au Canada. On veut créer un modèle qui favorise le traitement de la maladie, la réhabilita­tion et qui traite les gens avec dignité», explique Louis Thériault.

«L’idée c’est de gérer les problèmes de santé mentale de façon plus constructi­ve plutôt que punitive. Lorsqu’on traite la maladie chez les détenus, on réduit le risque de récidive de 70%. En bout de ligne ça rend la société plus sécuritair­e.»

Un Canadien sur cinq souffrira de problèmes de santé mentale au cours de sa vie, alors qu’au sein de la population carcérale trois personnes sur cinq sont atteintes, mentionne le spécialist­e.

«Ce sont des gens qui, pour la plupart d’entre eux, ont connu des expérience­s extrêmemen­t traumatisa­ntes pendant leur enfance, qui n’ont pas eu de modèle parental et souvent sombrent dans des problèmes de toxicomani­e.»

Les plans architectu­raux de ce futur centre restent à compléter et les travaux ne commencero­nt pas avant 2020. ■

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Qualifiée de «désuète», l’infrastruc­ture actuelle pose plusieurs problèmes de sécurité et n’aide pas à la réhabilita­tion des détenus. - Archives

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