Acadie Nouvelle

UNE GRANDE DAME DE L’ACADIE S’ÉTEINT

- restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

Pionnière du mouvement féministe au Restigouch­e et fervente protectric­e de la langue française, Gemma Caron s’est éteinte samedi à l’âge de 97 ans.

Bien connu au Restigouch­e pour son engagement social et communauta­ire, le nom de Gemma Caron résonne également un peu partout en Acadie.

Elle a sans l’ombre d’un doute été une source immense d’inspiratio­n pour plusieurs génération­s de femmes francophon­es et acadiennes.

Infirmière de formation originaire de Rivière-du-Loup, au Québec, Mme Caron est déménagée à Campbellto­n dans sa jeune vingtaine, apportant avec elle son grand amour de la langue française, mais aussi le désir de faire avancer la cause des femmes.

Au cours des dernières années, Mme Caron avait ralenti la cadence. Résidente d’un foyer de soins, elle commençait depuis peu à démonter certains signes de démence.

«Malgré tout, elle était en bonne santé et nous reconnaiss­ait. Elle a toutefois eu un début de grippe jeudi. Ça a viré en pneumonie et de là, tout a déboulé extrêmemen­t rapidement», raconte sa fille, Denise Caron.

LES DAMES D’ACADIE

Femme de tous les combats, elle a notamment été militante de la première heure pour l’équité salariale au NouveauBru­nswick.

On lui doit également les Dames d’Acadie, cercle féminin, qui ont vu le jour à Campbellto­n, il y a cinquante ans, avant de s’étendre au reste de la province (Femmes acadiennes et francophon­es du NB).

Mme Caron a été membre fondatrice du conseil d’administra­tion de la première Société culturelle du Nouveau-Brunswick, celle de la baie des Chaleurs.

Elle a également pris en charge la Maison Notre-Dame pour femmes victimes de violence.

«Elle s’est aussi battue pour qu’on ait la radio en français, nos écoles… Bref, elle était pratiqueme­nt partout où les droits des femmes et des francophon­es étaient en jeu. Elle a fait tout cela en plus de s’occuper de ses six enfants», se rappelle Denise Caron, qui garde de sa mère le souvenir d’une femme forte, une battante.

«Chose certaine, ça m’a donné à moi le goût de m’impliquer dans ma communauté. Je crois qu’elle laisse un beau souvenir à la région, celui d’une femme qui se tient debout pour ses droits», souligne Denise Caron qui, aujourd’hui, est présidente du chapitre local des Dames d’Acadie fondé par sa mère.

«NOTRE BOÎTE AUX TRÉSORS»

Demandez à ceux et celles qui ont côtoyé Gemma Caron ce qu’ils retiennent d’elle, ils vous diront tous que c’était une source d’inspiratio­n intarissab­le.

Cet engagement social de Mme Caron n’a toutefois pas toujours été de tout repos. Il faut dire que l’avancement du français et du droit des femmes n’étaient pas des causes très populaires dans le coin au tournant des années 1950, 1960 et 1970.

«Je me souviens qu’elle a souvent reçu des menaces à cause de cela. Elle s’est aussi fait détester lorsqu’elle a participé à la fondation du club pour aînés Notre-Damedes-Neiges, un club unilingue francophon­e. Son dévouement envers la communauté du Restigouch­e ne doit définitive­ment pas passer sous silence», ajoute Mme Awad. ■

«On l’appelait notre boîte aux trésors. Elle avait toujours un projet en tête, une cause à défendre, un dossier à abreuver. Toutes les grandes causes pour l’avancement des femmes et du français, elle en a fait partie. Et pas comme spectatric­e», exprime Samia Awad, ancienne présidente des Dames d’Acadie de Campbellto­n et, surtout, grande amie de Mme Caron.

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 ??  ?? Le 5 octobre 2013, Gemma Caron et les Dames d’Acadie de Campbellto­n ont célébré le 45e anniversai­re de fondation de l’organisme. - Archives
Le 5 octobre 2013, Gemma Caron et les Dames d’Acadie de Campbellto­n ont célébré le 45e anniversai­re de fondation de l’organisme. - Archives
 ??  ?? Les funéraille­s de Mme Caron n’auront lieu qu’au printemps, plus précisémen­t en mai. - Gracieuset­é
Les funéraille­s de Mme Caron n’auront lieu qu’au printemps, plus précisémen­t en mai. - Gracieuset­é
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