Les Îles-de-la-Madeleine se relèvent de la tempête et attendent des renforts
«Ç’a shaké beaucoup; tout le dessous du chalet est parti, tout a arraché en dessous», raconte Jeanne Lebel, de Havre-Aubert, qui a été réveillée à 4h00 du matin, jeudi, par les vents violents qui secouaient les Îles-de-la-Madeleine.
Mme Lebel, qui vit «direct au bord de la mer», a affirmé en entrevue avec La Presse canadienne que les vents de plus de 130 kilomètres à l’heure ont poussé les vagues «à mi-hauteur de mes châssis de cuisine. L’eau n’est pas entrée; mes châssis sont très bons! Mais j’ai eu peur que mes châssis lâchent et que l’eau entre à l’intérieur.»
La sympathique sexagénaire précise qu’elle en a vu d’autres, «mais pas comme celle-là», au point d’avoir sérieusement songé à évacuer les lieux.
«J’ai mon arrière-grand-père qui s’est perdu à la chasse aux phoques. Il est sur le mur de la cuisine et c’est lui qui garde le fort. (...) Je l’ai regardé et j’ai dit: «si tu tombes de là, je sors d’ici». Mais il est toujours là. Il ne tombe pas!» lance-t-elle sur le ton imperturbable de celle qui ne s’en laisse pas imposer.
Mais les vents violents, qui ont jeté de nombreux poteaux par terre et provoqué d’importantes pannes d’électricité, ont aussi mis au jour la vulnérabilité du réseau de télécommunications en causant une rupture complète des communications entre l’archipel et le reste du monde, à l’exception d’une poignée de liens téléphoniques satellitaires qui ont permis de lancer un appel de secours aux autorités sur le continent.
AIDE MILITAIRE
L’appel à l’aide a mobilisé de nombreux efforts dès jeudi matin, mais le problème demeurait entier: le traversier était cloué sur place en raison de la mer démontée et l’aéroport était paralysé en l’absence de réseaux de communications.
Fort heureusement, l’un des deux câbles sous-marins qui relient les Îles au reste du monde a pu être remis en service à 22h15 jeudi soir, permettant l’arrivée d’un premier avion avec des équipes d’Hydro-Québec pour participer à l’effort de redressement.
Deux avions des Forces armées canadiennes, mobilisés à la demande du gouvernement du Québec, se sont ensuite rendus sur place en fin d’après-midi vendredi, l’un transportant du personnel d’HydroQuébec, de Bell Canada, des ministères de la Santé et de la Sécurité publique et une quinzaine de militaires, l’autre transportant du matériel pour les télécommunications, le réseau électrique, le Centre de santé et d’autres équipements d’urgence tels des génératrices et des téléphones satellites mobiles.
Un autre lien a été ouvert en après-midi avec le départ du traversier en direction de l’Île-du-Prince-Édouard pour y embarquer des camions d’Hydro-Québec requis sur le terrain.
Au pire de la tempête, jusqu’à 4500 des 7700 abonnés d’Hydro-Québec avaient perdu l’électricité dans l’archipel. Vendredi, près de 3000 abonnés étaient toujours privés de courant en fin d’après-midi, surtout dans la partie est des Îles, soit dans les secteurs de Havre-aux-Maisons, Pointe-auxLoups, Grosse-Île et Grande-Entrée.
«Si la météo est de notre côté, dimanche peut être réaliste» pour un rétablissement de service, a confié le maire des Îles-de-laMadeleine, Jonathan Lapierre, lorsque rejoint par La Presse canadienne. ■