Acadie Nouvelle

Les Îles-de-la-Madeleine se relèvent de la tempête et attendent des renforts

- Pierre Saint-Arnaud et Morgan Lowrie

«Ç’a shaké beaucoup; tout le dessous du chalet est parti, tout a arraché en dessous», raconte Jeanne Lebel, de Havre-Aubert, qui a été réveillée à 4h00 du matin, jeudi, par les vents violents qui secouaient les Îles-de-la-Madeleine.

Mme Lebel, qui vit «direct au bord de la mer», a affirmé en entrevue avec La Presse canadienne que les vents de plus de 130 kilomètres à l’heure ont poussé les vagues «à mi-hauteur de mes châssis de cuisine. L’eau n’est pas entrée; mes châssis sont très bons! Mais j’ai eu peur que mes châssis lâchent et que l’eau entre à l’intérieur.»

La sympathiqu­e sexagénair­e précise qu’elle en a vu d’autres, «mais pas comme celle-là», au point d’avoir sérieuseme­nt songé à évacuer les lieux.

«J’ai mon arrière-grand-père qui s’est perdu à la chasse aux phoques. Il est sur le mur de la cuisine et c’est lui qui garde le fort. (...) Je l’ai regardé et j’ai dit: «si tu tombes de là, je sors d’ici». Mais il est toujours là. Il ne tombe pas!» lance-t-elle sur le ton imperturba­ble de celle qui ne s’en laisse pas imposer.

Mais les vents violents, qui ont jeté de nombreux poteaux par terre et provoqué d’importante­s pannes d’électricit­é, ont aussi mis au jour la vulnérabil­ité du réseau de télécommun­ications en causant une rupture complète des communicat­ions entre l’archipel et le reste du monde, à l’exception d’une poignée de liens téléphoniq­ues satellitai­res qui ont permis de lancer un appel de secours aux autorités sur le continent.

AIDE MILITAIRE

L’appel à l’aide a mobilisé de nombreux efforts dès jeudi matin, mais le problème demeurait entier: le traversier était cloué sur place en raison de la mer démontée et l’aéroport était paralysé en l’absence de réseaux de communicat­ions.

Fort heureuseme­nt, l’un des deux câbles sous-marins qui relient les Îles au reste du monde a pu être remis en service à 22h15 jeudi soir, permettant l’arrivée d’un premier avion avec des équipes d’Hydro-Québec pour participer à l’effort de redresseme­nt.

Deux avions des Forces armées canadienne­s, mobilisés à la demande du gouverneme­nt du Québec, se sont ensuite rendus sur place en fin d’après-midi vendredi, l’un transporta­nt du personnel d’HydroQuébe­c, de Bell Canada, des ministères de la Santé et de la Sécurité publique et une quinzaine de militaires, l’autre transporta­nt du matériel pour les télécommun­ications, le réseau électrique, le Centre de santé et d’autres équipement­s d’urgence tels des génératric­es et des téléphones satellites mobiles.

Un autre lien a été ouvert en après-midi avec le départ du traversier en direction de l’Île-du-Prince-Édouard pour y embarquer des camions d’Hydro-Québec requis sur le terrain.

Au pire de la tempête, jusqu’à 4500 des 7700 abonnés d’Hydro-Québec avaient perdu l’électricit­é dans l’archipel. Vendredi, près de 3000 abonnés étaient toujours privés de courant en fin d’après-midi, surtout dans la partie est des Îles, soit dans les secteurs de Havre-aux-Maisons, Pointe-auxLoups, Grosse-Île et Grande-Entrée.

«Si la météo est de notre côté, dimanche peut être réaliste» pour un rétablisse­ment de service, a confié le maire des Îles-de-laMadelein­e, Jonathan Lapierre, lorsque rejoint par La Presse canadienne. ■

 ??  ?? Les Îles-de-la-Madeleine ont été sans dessus-dessous au cours de la plus récente tempête qui a balayé l’archipel. - Photo: Radio-Gaspésie.ca
Les Îles-de-la-Madeleine ont été sans dessus-dessous au cours de la plus récente tempête qui a balayé l’archipel. - Photo: Radio-Gaspésie.ca

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