Moncton: une caserne transformée en refuge pour sans-abris
L’ancienne caserne de pompier du boulevard Assomption de Moncton sera transformée en refuge d’urgence pour les sans-abris. Le centre ouvrira ses portes samedi.
Solution à court terme, le refuge situé au centre-ville est financé par le gouvernement provincial et la Ville de Moncton.
La municipalité a récemment débloqué 20 000$ pour ce projet. La Ville avait aussi réclamé une aide d’urgence du gouvernement provincial de 400 000$ pour la création de ce refuge d’urgence. Le ministère du Développement social allouera finalement 106 000$ à l’initiative.
Si ce n’est pas le montant escompté, la mairesse Dawn Arnold en semble quand même satisfaite.
«Nous sommes sûrs que les fonds seront suffisants pour couvrir les coûts, mais il y a d’autre argent pour l’aide en santé mentale et les problèmes de dépendance», a indiqué Mme Arnold.
Effectivement, le gouvernement injecte aussi des fonds dans des projets similaires à Saint-Jean et Fredericton en plus de débloquer 265 000$ pour fournir des services de soutien comme le counseling et le traitement des dépendances.
Le refuge sera ouvert sept jours par semaine de 16h à 8h. Son centre de réchauffement accueillera les gens dans le besoin du lundi au vendredi de 8h à 16h. Les repas seront offerts par les autres organismes déjà existants dans la municipalité, comme les soupes populaires et le Dépôt alimentaire.
Le refuge pourra accommoder 20 personnes et potentiellement 30 si le besoin s’en fait sentir. L’immeuble a une capacité de 60 personnes. Aucune personne dans le besoin ne sera refusée.
«Je ne crois pas que nous allons faire des choix. Nous allons nous assurer que tout le monde a accès un endroit sécuritaire. Il y a d’autres refuges dans la municipalité avec lesquels nous allons travailler et nous allons nous assurer que toute personne qui entre ici puisse obtenir un lit en plus de leur fournir du transport pour être sûr que personne n’est laissé à soi-même dans le froid», a expliqué Lisa Ryan du programme ReBrancher du YMCA.
Le refuge sera le premier en son genre à Moncton. Ses bénéficiaires qui auront consommé de la drogue ou de l’alcool pourront y passer la nuit tant et aussi longtemps qu’ils n’importunent pas les autres clients. Ils n’auront toutefois pas le droit de faire l’usage de substances illicites à l’intérieur.
«Nous n’allons refuser personne», a répété la Dre Susan Crouse de la clinique Salvus.
La clinique et le YMCA vont administrer le refuge cet hiver. Dans quatre mois, il fermera. D’ici là, on espère pouvoir trouver des logements abordables pour les personnes qui sont dans le besoin.
Les opérateurs du nouveau refuge font appel à la générosité de la population. L’endroit aura besoin d’oreillers, de produits hygiéniques, de manteaux et des bottes d’hiver entre autres. Les chèques cadeaux des cafés et restaurants de la région sont aussi appréciés, mais les dons en argent doivent être faits au YMCA ou à la clinique Salvus.
Le programme ReBrancher du YMCA estime à 120 la population de sans-abris à Moncton.
«Nous avons observé une forte augmentation au cours de l’été et ç’a été très visible pour les résidents de Moncton, et ce, surtout au centre-ville», a avancé Mme Ryan.
Cette augmentation est due à plusieurs facteurs, dont le manque de logements abordables.
«Nous voyons des gens encore à l’extérieur cet hiver et ça, c’est rare. Cependant, avec les refuges qui sont au maximum de leur capacité et le manque de logement abordable, il y a des individus qui doivent prendre des décisions très difficiles pour trouver un lit.»
La Ville de Moncton met actuellement au point, de concert avec les organismes de la localité, un Plan de mise en oeuvre du logement abordable, qui vise à corriger à long terme la pénurie de logements abordables dans notre collectivité. La Ville souhaite que la nouvelle Stratégie nationale sur le logement apportera à la municipalité, dès le début de 2019, un courant de financement important, qui permettra de lancer la mise en oeuvre du plan de logement. ■
«Le but, c’est de ne pas avoir à faire ça l’année prochaine. C’est notre but parce qu’on croit que les gens ont droit à un endroit sécuritaire où rester. Ils ont droit à la dignité dans leur vie. Ça, c’est la première étape pour y arriver», a souligné Mme Ryan.