Acadie Nouvelle

Pêche au homard: une nouvelle loi pour protéger l’indépendan­ce des pêcheurs

- Jean-Marc Doiron jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com

Face à une croissance de l’industrie du homard au Nouveau-Brunswick, de grandes corporatio­ns pourraient être tentées à prendre le contrôle de permis de pêche. Une réforme de la Loi sur les pêches - présenteme­nt à l’étude au Sénat du Canada - pourrait protéger l’indépendan­ce des pêcheurs.

La valeur totale des exportatio­ns de fruits de mer du Canada a atteint 6,8 milliards $ en 2017. Il s’agit d’une hausse de presque 1 milliard $ en deux ans.

La pêche côtière de l’est du NouveauBru­nswick ne fait pas exception à la règle. Depuis une demi-douzaine d’années, on observe une hausse générale des débarqueme­nts et des prix payés aux pêcheurs.

Un tel scénario entraîne cependant des risques. Dans le sud-est de la NouvelleÉc­osse, où la valeur des permis a explosé il y a quelques années, un certain nombre d’usines de transforma­tion offriraien­t des prêts aux pêcheurs en échange d’un contrôle sur leurs opérations.

Le pêcheur Hubert Saulnier avait expliqué à CBC, l’an dernier, que l’entreprise Yarmouth Sea Products lui a prêté de l’argent pour son bateau, et qu’en échange il s’est engagé à lui vendre ses débarqueme­nts.

«À partir du moment où la valeur des permis de pêche côtière a augmenté, certaines entreprise­s ont commencé à avoir de l’intérêt - surtout dans le domaine de la transforma­tion - à mettre la main sur ces permis», affirme Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM).

PROTÉGER L’INDÉPENDAN­CE DES PÊCHEURS

L’UPM veut éviter qu’une telle pratique - qui ferait tort aux communauté­s côtières - se propage au NouveauBru­nswick. La situation en NouvelleÉc­osse lui laisse conclure que les politiques existantes ne sont pas suffisante­s. C’est pourquoi l’organisme milite depuis une vingtaine d’années pour une loi contre le contrôle corporatif des permis de pêche.

L’ancien ministre des Pêches et des Océans, Dominic LeBlanc, a déposé en février le projet de loi C-68 pour la réforme de la Loi sur les pêches. En plus d’une série de mesures sur la protection des habitats et le rétablisse­ment d’espèces marines, il inclut une clause qui donnerait plus de pouvoirs au gouverneme­nt pour protéger l’indépendan­ce des pêcheurs.

«On espère que la nouvelle loi va encore mieux protéger le concept du propriétai­re exploitant (qui stipule que le détenteur d’un permis doit être sur son bateau durant la pêche), et qu’elle va donner plus de dents aux règles qui protègent les pêcheurs côtiers et leurs communauté­s», mentionne M. Mallet.

En juin, le projet de loi a été adopté par la Chambre des communes, puis transféré au Sénat. L’UPM se croise ses doigts et espère que le processus sera terminé avant la prochaine campagne électorale fédérale.

«On essaie de mettre de la pression pour que ce projet de loi soit dans les priorités du Sénat.»

L’un des points contestés de la réforme entoure une mesure prise en 2012 par l’ancien premier ministre Stephen Harper. Jusqu’alors, la Loi sur les pêches protégeait tous les poissons et leur habitat. Depuis, seules les espèces faisant l’objet d’une pêche commercial­e, récréative ou autochtone sont protégées.

Les conservate­urs avaient effectué cette modificati­on afin d’accélérer des travaux sur des bassins d’eau jugés moins importants.

La réforme de Dominic LeBlanc rétablirai­t la protection de toutes les espèces.

«On espère qu’il n’y a pas de jeu politique qui se fait présenteme­nt qui pourrait retarder le processus», mentionne M. Mallet.

Selon M. Mallet, la réforme de la loi suscite l’opposition des usines de transforma­tion qui profitent actuelleme­nt d’arrangemen­ts qui leur donnent du contrôle sur des permis de pêche. ■

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La valeur totale des exportatio­ns de fruits de mer du Canada a atteint 6,8 milliards $ en 2017. - Archives
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