UN NOUVEAU SOUFFLE
Un vent d’optimisme porte les commerces installés aux abords du Centre Avenir fraîchement inauguré. La rue Main fourmille de monde les soirs d’événements, pour le plus grand bonheur des propriétaires.
Chez Fahda’s Pita Wrap, situé à deux pas du centre de divertissement, les ventes ont tout simplement triplé depuis quelques semaines. Derrière son comptoir, Fahda Battah voit défiler visiteurs et employés du complexe ainsi que travailleurs de la construction venus apprécier sa nourriture méditerranéenne.
«Ça fait 13 ans que je travaille ici et je pense que ça va être ma meilleure année», lance-t-elle, tout sourire.
L’entrepreneure est persuadée que la présence du Centre Avenir change la donne pour le centre-ville.
«Je suis certaine qu’on va voir de plus en plus de commerces et d’entreprises s’installer par ici», avance-t-elle.
À deux pas de là, les affaires sont tout aussi bonnes pour le restaurant T-Bone’s, associé à l’hôtel Crown Plaza. Les clients doivent parfois faire la file pour être servis les soirs d’événements d’envergure.
«Ça fait un gros changement, on est beaucoup plus occupés que ce soit au restaurant ou à l’hôtel», constate la gestionnaire, Samantha Doucet.
«Les gens cherchent où manger avant et se renseignent sur les restaurants aux alentours. Plusieurs ne savaient pas qu’on existait et ont découvert notre adresse de cette façon.»
La direction du Crown Plaza s’attend tout de même à une compétition de plus en plus plus féroce dans le secteur. La construction d’un nouvel hôtel Hyatt et de son restaurant devrait se terminer en 2020, de l’autre côté de la rue, sur la parcelle adjacente au nouveau centre de divertissement.
UN «PLUS» ENCORE INSUFFISANT
Un peu plus loin sur la rue Main, le propriétaire du restaurant Blue Olive, Mohamed Ali M’halla, observe lui aussi une progression de son chiffre d’affaires depuis l’ouverture. Si le complexe est un vrai «plus» à ses yeux, les retombées économiques ne sont pas considérables, tempère l’homme d’affaires.
«Lors des grands événements, il y a plus de mouvement mais l’impact sur les commerces reste relatif. Ce n’est pas une amélioration exceptionnelle, mais ça fait du bien de voir plus de vie dans le centre-ville, plus de gens dans la rue. On espère que la tenue de grands événements va continuer parce que ce ne sont pas les parties de hockey qui vont amener la clientèle qu’on cherche.»
S’il constate un certain changement d’atmosphère, Mohamed Ali M’halla croit que la ville a encore un long chemin à parcourir pour dynamiser son centre-ville.
«On a besoin de plus qu’un centre de divertissement, on a besoin de plus de logements, de plus de personnes qui vivent au centre-ville, qui y prennent leur café et qui y font leurs achats. Il faut plus de logements abordables et de qualités pour les familles. On pourrait imaginer des incitatifs financiers pour les entrepreneurs qui construisent dans le secteur. Il faut de nouvelles idées et une stratégie à long terme pour rendre le centre-ville vivant tous les jours de la semaine.»
UN EFFET CATALYSEUR
John Wishart, PDG de la Chambre de commerce du Grand Moncton, reconnaît qu’il est encore trop tôt pour mesurer précisément la contribution économique du Centre Avenir.
Malgré tout, il n’entend que des échos positifs de la part de la communauté d’affaires.
«Les propriétaires de restaurants et de bars nous disent que les gens viennent dépenser leur Fahda Battah profite à plein de l’engouement autour du Centre Avenir. Acadie Nouvelle: Simon Delattre argent avant et après chaque événement. Il y a un changement d’attitude», affirme-t-il.
Depuis le début de l’année, la municipalité a accordé 187 millions $ en permis de construction. Les feux sont au vert pour les investisseurs privés.
«Ça a un effet catalyseur, insiste John Wishart. Il y a beaucoup de bruits de couloir autour de nouveaux projets d’aménagement. Les banquiers, les responsables du développement économique... tous nous disent qu’ils reçoivent plus de demandes pour de nouvelles constructions.»
La Ville de Moncton prévoit en tout cas de faire un bilan au terme de la première année d’opération du complexe.
Selon Frédéric Gionet, vice-président de la Corporation de 3plus, l’ouverture du Centre Avenir réveille un centre-ville délaissé depuis des décennies en raison de l’étalement urbain.
«Il faut retrouver une fébrilité et une énergie au coeur de la ville et on commence à le voir. Avoir 5000 à 8000 personnes qui sont là pour se divertir et qui viennent souvent de l’extérieur de la région, ça amène de l’achalandage, de la croissance et de la stabilité pour les commerces.» ■