L’ÈRE D’ENTREMONT PREND FIN CE WEEK-END
La commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick quittera officiellement ses fonctions ce week-end après cinq années fort occupées. Katherine d’Entremont part à la retraite la conscience tranquille.
L’ère d’Entremont prendra officiellement fin lundi matin lorsque Michel Carrier – qui a été le premier à jouer ce rôle, de 2003 à 2013 – reprendra du service de façon intérimaire.
Avant de partir, Katherine d’Entremont lui a préparé un document de transition. Un flambeau, en quelque sorte.
En entrevue avec l’Acadie Nouvelle, elle explique que cela lui a permis de prendre un peu de recul et de réfléchir à ce qu’elle a accompli depuis son arrivée, en 2013.
«Ça m’a surpris de constater le travail qu’on a accompli depuis cinq ans, à la fois la quantité de travail et les gros dossiers sur lesquels on s’est penchés. Je dois admettre que ça m’a surpris de constater tout ce qu’on a pu accomplir en cinq ans avec quatre membres du personnel», confie-telle.
Les dernières années auront été bien remplies pour elle. Un rapport à la fois, Katherine d’Entremont a braqué les projecteurs sur les nombreuses failles du gouvernement en matière de respect de la Loi sur les langues officielles.
Ce travail de chien de garde ne lui a pas fait que des amis. À de nombreuses reprises, des individus et des groupes l’ont ciblée dans les médias sociaux et ailleurs dans l’espace public, estimant qu’elle allait trop loin ou qu’elle méprisait les anglophones.
Katherine d’Entremont estime que tout cela s’explique en bonne partie par une profonde incompréhension du rôle et du mandat du Commissariat aux langues officielles par de nombreux membres de la majorité anglophone. Et aussi par un certain décalage entre la perception et la réalité néo-brunswickoise.
«J’ai constaté que les gens qui tiennent des propos comme ça semblent être menacés par le fait qu’on respecte les droits linguistiques. Mais ils ne se rendent pas compte que leurs droits linguistiques sont presque toujours respectés.»
Lorsqu’on lui demande ce dont elle est le plus fière, un dossier parmi tant d’autres lui vient en tête: l’examen d’accès à la profession infirmière (le fameux NCLEX-RN, adopté en 2015 partout au Canada sauf au Québec).
Plus tôt cette année, elle a publié un rapport accablant à ce sujet, dans lequel elle explique comment ce test défavorise clairement les candidats francophones. Son document n’est vraiment pas passé inaperçu et a donné un nouveau souffle à ceux et celles qui militent pour que des progrès soient accomplis à ce chapitre.
«Espérons que ça va changer la donne pour les futurs infirmiers et infirmières au Nouveau-Brunswick qui voudront écrire leur examen en français. Espérons aussi que ça va avoir un impact pour les 42 autres associations professionnelles au Nouveau-Brunswick qui ont les mêmes obligations en vertu de la Loi.»
Elle estime que son rapport lance un message clair aux autres associations professionnelles et qu’elles «auraient intérêt à se poser des questions avant que la même chose leur arrive».
Si elle quitte deux ans avant la fin prévue de son mandat, ce n’est «pas du tout» en raison des tensions linguistiques au Nouveau-Brunswick. Elle a le goût de faire autre chose après 37 ans passés au sein de la fonction publique. Ce n’est pas plus compliqué que cela, assure-t-elle.
«Les gens pensent que je vais aller travailler ailleurs. Mais… non. Vraiment pas. Peut-être à temps partiel, un petit contrat ici et là. Éventuellement. Mais non, j’ai plein de choses que je veux faire dans la vie.»
Elle veut entre autres voyager avec son conjoint pour aller visiter des proches qui demeurent l’extérieur du NouveauBrunswick. ■