Acadie Nouvelle

Le traumatism­e des incendies de forêt est toujours présent à Fort McMurray

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Le pompier Mark Stephenson confie qu’il ne peut pas traverser Fort McMurray sans revivre les événements de mai 2016.

Il se revoit, au coeur du combat féroce mené contre les flammes qui ont ravagé dix pour cent de la municipali­té du nord de l’Alberta, prendre une pause pour filmer la résidence familiale se faire dévorer par le feu.

Chaque fois qu’il emprunte à nouveau cette rue, il se retrouve dans le passé pour revivre cette journée, un an et demi plus tard.

Mark Stephenson avait espoir que sa famille et lui pourraient célébrer Noël dans la nouvelle maison qu’ils reconstrui­sent, mais une récente vague de froid a ralenti les travaux. Ils vont donc devoir patienter de deux à trois mois de plus.

Parfois, il se surprend à chercher un souvenir d’enfance ou un vieux trophée qui n’existent plus.

De manière générale, il se porte bien, mais certaines journées au boulot sont plus difficiles à traverser. Il dit avoir reçu du soutien profession­nel offert aux employés du service d’incendie.

Les débris ont été nettoyés et les terrains vacants sont lentement regarnis de nouvelles résidences à Fort McMurray. Si les blessures physiques disparaiss­ent avec le temps, les blessures psychologi­ques et émotives demeurent présentes pour plusieurs victimes de la catastroph­e la plus coûteuse de l’histoire du Canada.

«Plusieurs personnes sont passées pardessus la tragédie et sont passées à autre chose, et c’est très bien comme ça. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Certaines personnes en souffrent encore», raconte le pompier.

Les services d’aide aux victimes de dépendance­s et de soutien en santé mentale de l’Alberta ont fourni de l’aide à 38 777 personnes dans la région du 10 mai 2016 au 31 octobre 2017.

Vincent Agyapong, professeur associé du départemen­t de psychiatri­e de l’Université de l’Alberta, a tenté d’étudier l’impact des incendies de Fort McMurray sur la santé mentale.

Sur un échantillo­n de 486 adultes interrogés en novembre 2016, le taux de possibles troubles de stress post-traumatiqu­e s’élevait à 12,8 pour cent. Dans des circonstan­ces normales, ce taux devrait se situer en dessous d’un pour cent, selon le chercheur.

Les taux de possibles dépression­s et d’anxiété étaient aussi anormaleme­nt élevés.

Selon Vincent Agyapong, les citoyens aux prises avec le stress post-traumatiqu­e pourraient souffrir de cauchemars répétés et d’anxiété lorsqu’ils entendent des sirènes d’urgence.

Le docteur Agyapong dit voir plus de patients aujourd’hui, alors qu’il ne travaille qu’une semaine par mois à Fort McMurray, que lorsqu’il y travaillai­t à temps plein avant les incendies.

Il affirme que plusieurs de ses patients ont préféré quitter la ville puisqu’elle leur rappelait trop de mauvais souvenirs liés au drame.

Le service d’aide disponible en tout temps, a lui aussi constaté une hausse majeure des appels sur sa ligne d’urgence.

Alors que le recensemen­t de 2015 indiquait une population permanente de près de 82 000 personnes dans la région, on y compterait aujourd’hui de 75 000 à 77 600 résidants. - La Presse canadienne

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Du 10 mai 2016 au 31 octobre 2017, les services d’aide aux victimes de dépendance­s et de soutien en santé mentale de l’Alberta ont fourni de l’aide à 38 777 personnes. - Archives

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