Acadie Nouvelle

BAIE-SAINTE-ANNE PERD SES JEUNES

- Jean-Marc Doiron jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com

La pêche et la tourbe sont les moteurs économique­s de Baie-Sainte-Anne. Quand ces deux industries roulent bien, la vie est belle. Mais quand l’une d’elles traverse une période creuse, les effets se font gravement ressentir.

Le manque de diversité de l’économie de Baie-Sainte-Anne nuit à la résilience de la communauté. Il suffit qu’un ou deux phénomènes naturels se produisent et la région entière subit une rude épreuve.

Quand il y a trop de pluie au printemps, l’industrie de la tourbe ralentit. Plusieurs employés peinent à accumuler assez d’heures afin d’obtenir des prestation­s d’assurance-emploi. Quand le prix du homard chute ou que les prises partent à la baisse, c’est la moitié de la population qui doit se serrer la ceinture.

Une telle période difficile a eu lieu dans l’industrie de la pêche il y a une demidouzai­ne d’années. Le phénomène a encouragé plusieurs jeunes à trouver un emploi dans l’Ouest canadien.

Alice Martin a grandi à Baie-SainteAnne et y habite toujours. Elle a vu l’exode de ses propres yeux.

«Ça fait cinq ou six ans que la pêche va mieux, mais avant c’était moins bon et les usines avaient moins d’ouvrage. Les jeunes ne travaillai­ent pas assez pour aller sur l’assurance-emploi, donc ils allaient dans l’Ouest. Maintenant qu’ils ont pris goût à l’argent, ils ne veulent pas revenir.»

«Ils vont dans l’Ouest canadien, parce qu’à Baie-Sainte-Anne, ça ne paie pas assez. À 12$ de l’heure… Personne ne veut travailler à 12$ de l’heure quand ils font 25$ ou 30$ de l’heure là-bas», ajoute Julia Miousse, employée d’usine à la retraite.

Terry Lloyd a travaillé dans l’Ouest pendant près de 16 ans. C’est l’argent qui l’a attiré en Alberta.

«L’argent était meilleur. Là-bas, tu peux travailler à temps et demi, ici non. Je travaillai­s 12 heures par jour et sept jours par semaine. Pour travailler autant, il faut que tu sois éloigné de chez toi.»

Si les usines de transforma­tion et les tourbières sont toujours à la recherche de main-d’oeuvre, l’accès à la pêche est sévèrement restreint. Un jeune qui souhaite pêcher le homard fait face à d’importants obstacles financiers. Depuis l’essor de l’industrie de la pêche, les permis sont vendus à des prix exorbitant­s.

«Tes chances de trouver un permis ne sont pas élevées. Et même si tu en trouves un, tu vas payer de 400 000$ à 500 000$. Pour un jeune qui veut entrer dans la pêche, ça va être dur. Aussi longtemps que le prix des permis est aussi élevé, ça va être presque impossible», explique Ligouri Turbide, président du DSL de Baie-SainteAnne et pêcheur de la région.

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 ??  ?? Quand le prix du homard chute ou que les prises partent à la baisse, la moitié de la population de Baie-Sainte-Anne doit se serrer la ceinture. - Acadie Nouvelle: Jean-Marc Doiron
Quand le prix du homard chute ou que les prises partent à la baisse, la moitié de la population de Baie-Sainte-Anne doit se serrer la ceinture. - Acadie Nouvelle: Jean-Marc Doiron

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