L’avenir n’est pas prometteur pour une Écosse indépendante
On atteint peut-être sa maturité sexuelle à un très jeune âge en Écosse. Autrement, pourquoi y aurait-il un autre référendum sur l’indépendance de l’Écosse seulement trois ans après le dernier?
Après le référendum sur l’indépendance de l’Écosse en 2014, personne ne s’attendait à un deuxième avant l’arrivée de la prochaine génération. Les Écossais devaient répondre à la simple question suivante: «L’Écosse devrait-elle être un pays indépendant?» - et 55% des Écossais ont voté «non». Mais seulement 30 mois plus tard, la nouvelle génération d’Écossais est apparemment déjà née.
Nicola Sturgeon, chef du Parti national écossais et première ministre écossaise, a annoncé lundi dernier qu’un deuxième référendum sur l’indépendance de l’Écosse aura lieu soit à la fin de 2018, soit au début de 2019. Elle n’a même pas eu la décence de dire «meilleur de trois manches».
À titre de chef du Parti national écossais, c’est à Sturgeon de promouvoir l’idée de l’indépendance. Mais il lui a fallu un prétexte valable pour déjà demander une deuxième tentative. Les nationalistes anglais qui ont engagé le Royaume-Uni à quitter l’Union européenne lors du référendum en juin le lui ont donné: 53% des Anglais ont voté pour quitter l’UE, mais 62% des Écossais ont voté pour y rester.
Les «Little Englanders» (petits Anglais) qui ont voté pour le Brexit ont été séduits par le fantasme néo-élisabéthain d’une Angleterre de capes et d’épées et de libreéchange qui demeurerait riche par ses propres moyens. Les Écossais, par contre, considèrent l’Union européenne comme un refuge économique et politique et on peut comprendre qu’ils ne sont pas ravis que les Anglais, bercés d’illusions, les forcent d’en sortir.
Alors, Nicola Sturgeon peut dire avec raison qu’un «changement important des circonstances» a eu lieu et que celui-ci justifie un deuxième référendum.
Toutefois, un deuxième «changement important des circonstances» a aussi eu lieu, et celui-ci nuit aux désirs des Écossais réclamant l’indépendance de leur pays.
Les faibles prix du pétrole et l’épuisement progressif des champs de pétrole en mer du Nord ont diminué les recettes fiscales du gouvernement écossais provenant du pétrole en mer du Nord de 14,2 milliards de dollars en 2008 à 2,2 milliards de dollars en 2015, et à 73 millions de dollars cette année. Le revenu pétrolier qui a subventionné les dépenses sociales considérables de l’Écosse n’y est plus.
Il y a aussi le fait que l’Union européenne est constituée d’États souverains qui s’entendent instinctivement sur le fait de décourager et de punir le séparatisme parmi leurs membres.
Bruxelles a clairement affirmé qu’une Écosse indépendante ne retiendrait pas automatiquement son adhésion à l’UE. Il s’agit de la «doctrine de Barroso»: si une partie d’un pays de l’UE existant devient un État indépendant, celui-ci doit faire une demande d’adhésion. Et la Commission européenne vient de reconfirmer que l’Écosse serait assujettie à cette règle. Le processus de demande prend généralement de nombreuses années.
Une Écosse indépendante pourrait alors se voir exclue du marché unique de l’UE en raison du Brexit et exclue du marché unique britannique en raison de sa sécession du Royaume-Uni. L’Écosse exporte quatre fois plus de biens vers les autres régions du Royaume-Uni que vers l’Union européenne, alors il pourrait avoir de graves répercussions économiques.
L’avenir n’est certainement pas prometteur pour une Écosse indépendante qui se sépare du Royaume-Uni au moment où celui-ci se sépare de l’Europe. (L’avenir de l’Angleterre a l’air sombre lui aussi.) Les Écossais n’ont pas voté pour leur indépendance même quand le Brexit n’était pas en vue. Pourquoi le feraient-ils maintenant?
Ils sont peut-être fâchés contre les «Little Englanders» en raison de leur arrogance et de leur stupidité, mais ce n’est pas assez pour les motiver à se séparer du RoyaumeUni. La majorité des Écossais veulent tout simplement mettre fin à la situation.