Acadie Nouvelle

Ottawa prévient Washington qu’il répliquera­it à des tarifs à l’exportatio­n

- Alexander Panetta

Le gouverneme­nt fédéral a lancé une mise en garde préventive à l’endroit des législateu­rs américains qui envisagent une taxe sur le commerce transfront­alier: si vous nous imposez des tarifs, préparez-vous à subir le même sort.

Alors qu’elle concluait mercredi sa visite à Washington, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a dit avoir signifié aux politicien­s américains que le Canada s’opposerait vigoureuse­ment à de nouveaux tarifs douaniers - et répondrait conséquemm­ent.

Cet avertissem­ent survient au moment où le Congrès américain entame un débat sur une réforme phare de l’impôt des entreprise­s, alors que les dernières années ont été marquées par des séries d’efforts en ce sens bloqués par les législatur­es et administra­tions antérieure­s.

«J’ai signifié clairement que nous allions nous opposer fortement à toute imposition de nouveaux tarifs entre le Canada et les États-Unis, a déclaré la ministre Freeland devant les journalist­es. (J’ai dit) que nous considéron­s que des tarifs sur les exportatio­ns engendrera­ient des dommages mutuels, que si une telle idée survenait dès le départ, le Canada répliquera­it de façon appropriée.»

La bonne nouvelle est que cette option est encore très hypothétiq­ue.

Mme Freeland a indiqué avoir été rassurée, lors de ses diverses rencontres, sur le fait que le débat aux États-Unis sur un ajustement des taxes transfront­alières n’en est qu’à ses débuts, et qu’il y a des positions divergente­s sur la question au Congrès américain.

La Maison-Blanche elle-même envoie des signaux contradict­oires à ce sujet. Donald Trump a laissé entendre que l’idée d’un vaste ajustement des mesures imposées aux entreprise­s étrangères à la frontière américaine lui déplaît et qu’il privilégie­rait de faibles tarifs sur certaines importatio­ns. Il a toutefois formulé par la suite des commentair­es favorables à un scénario contraire.

«La conversati­on (...) en est vraiment à ses tout débuts. Comment cela devrait fonctionne­r, ce que (la politique) devrait comprendre et si les tarifs devraient en faire partie (...) (Ces questions) sont discutées», a dit Mme Freeland.

LE CANADA PERÇU COMME UN PARTENAIRE MODÈLE

La ministre a fait le point devant les médias après deux journées d’entretiens avec des législateu­rs américains de premier plan et avec son homologue dans l’administra­tion du président Donald Trump, le secrétaire d’État Rex Tillerson.

Son principal constat est en fait plutôt positif: tous les intervenan­ts avec qui elle s’est entretenue perçoivent le Canada comme un partenaire commercial modèle, avec une balance commercial­e équilibrée, et des normes du travail similaires.

Mme Freeland a dit avoir souligné l’importance de la relation commercial­e entre les deux pays et affirmé que cela s’apparentai­t finalement à pousser sur une porte déjà ouverte, car tout le monde était d’accord avec elle.

La ministre n’a pas voulu discuter en détail des négociatio­ns sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Elle a souligné que le Sénat américain n’avait pas confirmé encore dans leurs fonctions les membres clés qui seront impliqués dans le dossier.

Alors que le Canada et les États-Unis se préparent pour ces discussion­s, Mme Freeland a précisé avoir commencé à consulter le secteur des affaires au Canada, s’étant entretenue au cours des derniers jours avec des représenta­nts des industries automobile et forestière.

À son premier jour de visite, elle était de passage au Capitole pour rencontrer le président de la Chambre des représenta­nts, Paul Ryan, et les négociateu­rs du Sénat en matière d’affaires étrangères, John McCain et Bob Corker. C’est durant sa deuxième journée à Washington que Mme Freeland s’est rendue au départemen­t d’État pour rencontrer son homologue américain, Rex Tillerson.

Elle a indiqué que l’ancien patron d’Exxon connaît bien le Canada, lui qui a déjà été fortement impliqué dans des projets de sables bitumineux. «J’y suis allé à quelques reprises, bien sûr», aurait-il glissé dans un échange.

Le premier ministre Justin Trudeau pourrait, de son côté, effectuer d’ici quelques jours sa troisième visite aux États-Unis depuis son entrée en fonction. Les responsabl­es des deux pays concernés ont confirmé qu’une telle visite se prépare, tout en précisant que les détails restent à déterminer.

«J’aurai plus d’informatio­n à jour sur l’horaire du premier ministre plus tard aujourd’hui ou demain», a dit le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer.

Des sources bien au fait du dossier ont affirmé que les responsabl­es canadiens sont déterminés à exprimer, lors de cette visite, des objectifs clairs dès la première rencontre entre M. Trudeau et M. Trump, en vue d’un progrès sur des dossiers jugés prioritair­es.

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- Associated Press: Andrew Harnik Le secrétaire d’État des États-Unis Rex Tillerson a rencontré la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, mercredi à Washington.

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