Hausse d’impôts pour les plus riches: Fredericton songe à reculer
La province perdrait ainsi 30 M$ par année en revenus
Les Néo-Brunswickois les mieux nantis pourraient finalement éviter une nouvelle hausse d’impôts. Le ministre provincial des Finances se dit prêt à reconsidérer l’augmentation déjà annoncée par son gouvernement à la lumière de l’élection de Justin Trudeau à Ottawa, qui a promis lui aussi de hausser les impôts des contribuables les plus riches.
Le Nouveau-Brunswick a le taux marginal d’imposition le plus élevé parmi les provinces canadiennes depuis la hausse de l’impôt sur le revenu des plus fortunés décrétée par le gouvernement de Brian Gallant ce printemps.
Selon l’agence Thomson Reuters, le taux marginal d’imposition du Nouveau-Brunswick (le taux d’imposition combiné du provincial et du fédéral pour la tranche de revenus la plus élevée) est de 54,75 % dans la province comparativement à 50 % en Nouvelle-Écosse et 49,96 % au Québec. En Alberta, le taux est de 40 %.
La hausse annoncée le 14 mai et rétroactive au 1er janvier était une promesse électorale des libéraux provinciaux. Mais voilà que l’engagement d’un autre gouvernement libéral, à Ottawa celui-là, vient provoquer une remise en question à Fredericton.
Les libéraux de Justin Trudeau qui ont été portés au pouvoir lundi ont promis de demander aux contribuables «les plus riches» de «donner un peu plus» en créant une nouvelle tranche d’imposition de 33 % pour les personnes qui gagnent plus de 200 000 $ par année.
Une nouvelle hausse que le ministre provincial des Finances ne semble pas tout à fait prêt à imposer aux contribuables Néo-Brunsickois les mieux nantis.
En interview téléphonique, le ministre Roger Melanson affirme être «prêts à faire des modifications» à son système d’imposition à la suite de la promesse des libéraux fédéraux afin de permettre au Nouveau-Brunswick de «demeurer concurrentiel» et de continuer à «encourager l’investissement».
Les nouveaux taux d’imposition de la province sont de 21 % pour les revenus imposables entre 150 000 $ et 250 000 $ et de 25,75 % pour les revenus supérieurs à 250 000 $.
M. Melanson veut s’asseoir avec le nouveau ministre fédéral dès qu’il aura été nommé afin de mieux comprendre «les impacts» de la hausse fédérale «chez nous au Nouveau-Brunswick». Aucune décision n’a été prise, précise-t-il.
En renonçant à sa hausse d’impôt, le gouvernement perdrait environ 30 millions $ en revenus par années.
La province s’apprête à enregistrer son huitième déficit consécutif en 2015-2016. Le gouvernement a d’ailleurs lancé une révision de l’ensemble des programmes gouvernementaux afin de trouver 600 mil- lions $ d’économies ou de nouveaux revenus d’ici au prochain budget.
«Nous sommes d’avis qu’il est raisonnable, équitable et progressiste de demander aux citoyens les plus riches de contribuer dans une plus grande mesure», avait indiqué le ministre Melanson au moment d’annoncer la nouvelle hausse.
«Nous ne savions certainement pas qu’il y aurait potentiellement des changements au niveau de la structure d’impôt sur le revenu pour les plus riches» au fédéral, dit-il aujourd’hui.
La hausse de l’impôt des plus riches promise par Justin Tudeau s’accompagne d’un allégement fiscal pour la classe moyenne d’environ 1340 $ par année pour un ménage à deux revenus.