Les producteurs de bleuets du N.-B. auraient été privés de 25 millions $ de revenus
Des producteurs de bleuets du Nouveau-Brunswick affirment qu’ils ont collectivement perdu 25 millions $ au cours des deux dernières récoltes.
Le président de l’Association des producteurs de bleuets sauvages du nord-est du N.B., Jean-Maurice Landry, s’indigne de l’écart des prix que reçoivent les producteurs de bleuets du Québec et du Nouveau-Brunswick.
En 2013, les producteurs du Québec ont reçu 92 cents la livre pour leurs petits fruits, soit 22 cents de plus que les Néo-Brunswickois, selon les chiffres qu’il a obtenus du ministère de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches, des associations de bleuets et du syndicat de producteurs québécois.
En 2014, l’écart s’est accentué. Les produc- teurs du Québec ont reçu 80 cents la livre, soit 25 cents de plus que les Néo-Brunswickois.
M. Landry affirme que les producteurs du N.-B. ont récolté 45 millions de livres du petit fruit en 2013 et 60 millions de livres l’année suivante. Il évalue donc les pertes à 25 millions $. «C’est absolument énorme et intolérable», lance-t-il.
L’écart n’est pas aussi grand qu’il paraît à première vue, selon Monique Mills, présidente de Bleuets Nouveau-Brunswick Blueberries. Elle estime entre 8 et 9 cents la livre l’écart de prix entre le Québec et le Nouveau-Brunswick.
Elle mentionne que les chiffres de M. Landry ne tiennent pas compte des coûts de transport plus élevés au Nouveau-Brunswick, ainsi que l’existence de frais aux postes d’achat.
Les postes d’achat sont des intermédiaires mis sur pieds par des usines de l’extérieur de la province afin de faciliter l’achat des nombreux producteurs néo-brunswickois.
Selon elle, l’écart de 8 à 9 cents la livre est également dû au fait que les transformateurs québécois vendent leur produit sur des mar- chés plus lucratifs.
«Comme ils n’arrosent pas leurs bleuets (de pesticides) l’année de la récolte, ils vont chercher des marchés comme le Japon, qui sont très intéressés par ce facteur-là. Les Japonais sont prêts à payer plus cher.»
Quant à savoir pourquoi les usines qui vendent les bleuets cueillis au Nouveau-Brunswick n’emploient pas la même stratégie, Mme Mills répond que c’est «le choix des transformateurs».
«Éventuellement, ils vont probablement être obligés de se diriger vers ça. Mais présentement, ils vendent par volume et non pas nécessairement en fonction de la qualité du produit.»
Quand M. Landry a demandé au gouvernement provincial d’expliquer l’écart des prix, il lui a offert une explication semblable à celle de Mme Mills, soit que les coûts de transport sont plus grands et que les postes d’achat imposent certains frais. Il estime que ces propos minimisent injustement l’écart des prix.
«En niant cet écart de prix entre le Québec et le Nouveau-Brunswick, en le réduisant à des questions de transport et de commission d’acheteur, ils ont brouillé les cartes et ils se sont rendus complices de cette situation-là», a soutenu celui qui a rencontré des fonctionnaires et des élus du gouvernement la semaine dernière à Fredericton.
D’ailleurs, quand nous avons interrogé des agents de communication de Fredericton concernant l’écart des prix, ils ont refilé nos questions à Mme Mills.
M. Landry estime que l’écart est dû au fait que les producteurs québécois ont un meilleur pouvoir de négociation grâce à leur Syndicat des producteurs de bleuets du Québec. Il demande la création d’un organisme qui aurait des pouvoirs semblables au N.-B.