7 Jours

Léane Labrèche-Dor

- PAR MICHÈLE LEMIEUX

Parce que certains de ses projets profession­nels ont été reportés, Léane Labrèche-Dor a apprivoisé la patience, entretenu l’espoir et profité de l’occasion pour grandir. L’actrice, qui prend l’antenne à TVA dans Escouade 99, dresse le bilan de la dernière année.

Léane, Escouade 99 sera de retour pour une deuxième saison. Manifestem­ent, le projet plaît aux gens?

La première saison était disponible sur Club illico, mais comme elle est désormais sur les ondes de TVA, nous aurons un autre son de cloche sur ce plan. Je suis très excitée. Ça passe ou ça casse! (rires) C’est vraiment un projet de coeur, un projet de famille. Nous sommes une gang tricotée serré. La première saison a été tournée l’année dernière, tout juste avant le confinemen­t. Nous sommes actuelleme­nt en tournage de la saison 2. C’est vraiment super de se retrouver. Escouade 99 est l’adaptation de Brooklyn Nine-Nine, une série américaine qui tient l’antenne depuis plusieurs saisons. J’étais déjà fan de cette série avant même d’en faire partie. Quand j’ai été appelée pour passer une audition, c’était pour un personnage que j’aimais vraiment beaucoup.

Dans ce projet, tu joues aux côtés de ton amoureux, Mickaël Gouin. Vous êtes habitués à travailler ensemble?

Oui, car nous avons été appelés à faire plusieurs projets tous les deux.

C’est toujours agréable de travailler ensemble. Nous sommes toujours appelés séparément en audition: ce n’est pas du tout une affaire de couple et nous ne jouons pas un couple. Je crois que c’est dû au fait que nous avons le même style d’humour, de jeu et des visions de la comédie qui se ressemblen­t.

C’est quand même agréable de pouvoir partager des projets avec ton partenaire de vie, n’est-ce pas?

Oui, mais au-delà du fait que c’est mon amoureux, nous ne sommes pas dans une dynamique de couple lorsque nous travaillon­s ensemble. La réalité, c’est que je suis engagée pour faire un travail et que Mickaël est engagé pour faire le sien. Il y a des partenaria­ts qui fonctionne­nt bien dans la vie. Par exemple, Marc Labrèche et Anne Dorval n’ont jamais été en couple, mais ils ont formé un duo comique qui se complétait et se comprenait à merveille. Il y a des metteurs en scène qui travaillen­t toujours avec les mêmes personnes, je pense entre autres à Serge Denoncourt et Magalie LépineBlon­deau. Il y a des partenaria­ts qui marchent et c’est le cas pour Mickaël et moi. Nous avons du plaisir, nous

«Il y a des partenaria­ts qui marchent, et c’est le cas pour Mickaël et moi. Nous avons du plaisir, nous nous comprenons et c’est tripant.»

LE CONFINEMEN­T L’A MENÉE VERS DE NOUVEAUX PROJETS

nous comprenons et c’est tripant. Cela dit, c’est quelque chose que je retrouve aussi avec d’autres gens.

Outre le tournage d’Escouade 99, as-tu d’autres engagement­s?

La pandémie a occasionné des reports et en a forcé plusieurs à restructur­er leur horaire. Depuis l’an dernier, il y avait quelques projets en suspens, qui seront possibleme­nt repris, mais je n’ai aucune confirmati­on pour le moment. Les gens du domaine du spectacle sont encore dans le flou. C’est très difficile de savoir ce qui s’en vient. J’ai essayé de profiter le mieux possible de ce temps qui était à ma dispositio­n. Ce n’était pas vraiment du temps libre, c’était du temps d’angoisse. Comme tout était incertain, j’ai essayé de cogiter, d’écrire, de pousser des projets que j’avais déjà amorcés dans ma tête. J’ai donc profité de ce temps qui m’était donné pour faire de la création. Ce sont des petits bébés qui verront peut-être le jour. L’avenir nous le dira…

C’est un grand avantage de pouvoir être autonome et de travailler à tes propres projets?

C’est un avantage, mais c’est aussi un intérêt qui m’habite. J’ai toujours aimé écrire, conceptual­iser. Je me considère chanceuse d’être intéressée par la création. Je crois que ç’a été un avantage dans ce contexte de pandémie. C’était beaucoup de travail en amont. Il fallait se motiver quotidienn­ement, essayer de se faire un horaire. Je suis restée active sur ce plan. C’est comme l’entraîneme­nt: quand on arrête, c’est difficile de reprendre.

Le fait d’avoir vu le métier de l’intérieur t’a-t-il préparée à tous ses imprévus?

J’ai commencé à travailler dans ce métier en sachant dans quoi je m’embarquais, probableme­nt plus que bien d’autres, effectivem­ent. J’ai eu la chance de voir la vraie réalité. J’ai eu la chance de l’observer, de constater qu’il y a des moments plus difficiles et d’autres qui le sont moins. J’ai aussi vu les déceptions, les bons coups, et que les efforts ne portent pas toujours fruit. J’ai l’avantage d’être arrivée dans le métier avec un portrait semi-global de sa réalité. Disons qu’il y a eu moins de grandes déceptions.

Outre la création, qu’as-tu fait pour te tenir occupée durant cette dernière année?

J’ai acheté des plantes et je m’en suis occupée. Ça apporte de l’oxygène et de la zénitude dans une maison... J’ai travaillé sur moi, c’est-à-dire que j’ai travaillé ma patience, mon espoir, un travail qu’on ne fait jamais, faute de temps, ou si on le fait, c’est parce qu’on vit de grandes épreuves. Cette fois-ci, les circonstan­ces ont provoqué ce travail. J’ai essayé de comprendre et de devenir un bon humain. J’ai profité de la période pour grandir…

Ç’a donc été une période positive sur ce plan?

Oui, mais je ne veux pas minimiser ce que nous avons vécu cette année. Il y a eu beaucoup d’insécurité, à plusieurs égards. Je ne peux pas croire qu’il y ait encore autant de féminicide­s. Le confinemen­t a fait ressurgir tellement de violence! C’est une période difficile pour bien des gens.

De ton côté, il te reste un beau cadeau de ce confinemen­t?

Oui. Je suis enceinte. Je ne peux pas me cacher: ça se produira au cours des prochaines semaines... Je ne veux pas faire un spectacle avec ma vie privée, mais que je le veuille ou non, je travaille et ça paraît: j’ai une bonne bedaine. Mais ce n’est pas un bébé de pandémie. Je pense qu’il y aura un

«J’ai travaillé sur moi, c’est-à-dire que j’ai travaillé ma patience, mon espoir, un travail qu’on ne fait jamais, faute de temps.»

baby-boom parce que les gens ont eu du temps pour faire l’amour… (rires) Comme après une guerre ou lorsque les Canadiens ne font pas les séries: beaucoup d’enfants sont conçus pendant ces périodes. En ce qui nous concerne, ça n’a rien à voir avec ça. C’était un projet que nous avions, mais nous n’avons rien forcé. Nous attendions de voir comment les choses allaient arriver.

Comptes-tu reprendre le travail rapidement par la suite?

Je n’ai pas de réponse à cette question pour le moment. On verra. Je ne sais pas ce qui s’en vient, quels seront les projets. Je laisse aller les choses, tout simplement. En fait, je compte appliquer les leçons de mon confinemen­t et essayer d’être la personne la plus indulgente possible dans les circonstan­ces. Il faut bien que ça ait servi à quelque chose…

Qu’est-ce que la pandémie a le plus changé pour toi?

Moi qui ai tendance à vouloir que les choses bougent rapidement, ça m’a permis de travailler ma patience. La dernière année m’a permis d’apprivoise­r le concept de latence, d’attente, de gestation. J’ai compris que chaque chose arrive en son temps.

Escouade 99, mardi 21 h, à TVA. Léane est aussi une collaborat­rice régulière de l’émission La Tour, en rediffusio­n sur TVA+.

«Comme tout était incertain, j’ai essayé de cogiter, d’écrire, de pousser des projets que j’avais déjà amorcés dans ma tête.»

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«Escouade 99 est vraiment un projet de coeur, un projet de famille.»

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