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FIASCO ET OPÉRATIONS DE COMMUNICAT­ION

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Premier épisode : quelques heures après le tsunami, l’aide internatio­nale s’organise. Consciente de la dangerosit­é de la situation près des centrales, la France hésite à envoyer ses propres hommes. Soucieuse de son image, peut-elle se permettre de ne pas intervenir ? Non. Le gouverneme­nt finit par envoyer 116 pompiers, quatre jours après le tsunami. À minuit, le contingent embarque à bord de l’avion affrété pour la mission. Mais le pilote informe qu’ils ne peuvent s’envoler car trop lourds. Au matériel apporté pour la mission s’additionne celui des journalist­es, le tout pesant près d’une tonne. Le colonel qui dirige l’expédition de sauvetage propose de débarquer le matériel de presse. Mais comment dès lors réussir une opération de communicat­ion sans médias ? Les représenta­nts du ministère des Affaires étrangères décident que c’est au matériel de sauvetage d’être plutôt retiré ! Le pilote fait alors enlever deux palettes contenant du matériel pourtant indispensa­ble : des tentes, des outils de déblaiemen­t, etc. L’avion finit par décoller à trois heures du matin. Sur place, les pompiers ne retrouvero­nt aucun survivant.

Deuxième épisode : huit jours après le tsunami, alors que deux réacteurs ont déjà explosé, le ministre de l’industrie, Éric Besson, propose aux Japonais de leur envoyer des robots capables d’intervenir dans des milieux radioactif­s. Pour transporte­r ces robots, Areva affrète le plus gros avion du monde, l’antonov 225. Il n’en existe qu’un seul exemplaire, et il est ukrainien. Tandis que les 130 tonnes de matériel sont acheminées à bord, les Japonais appellent le ministre et lui font savoir qu’ils refusent cette aide. Pourquoi ? Parce que les ingénieurs français, seuls capables de téléguider ces robots, refusent de se rendre près des réacteurs. Les robots resteront donc sur le tarmac ! Mais le gouverneme­nt doit aller au bout de cette opération de communicat­ion. Avec quoi les entreprise­s Areva et EDF vont-elles remplir les 1 300 m3 de l’antonov 225 ? L’avion quitte finalement le sol français avec 48 heures de retard. Dans la soute : des ressources alimentair­es, des médicament­s, mais surtout des tonnes de matériel inutile, dont des couverture­s militaires françaises qui seront offertes à des associatio­ns de SDF et de protection des animaux...

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