Le Point

Dans l’oeil de Bercy

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Le ministère de l’Economie et des Finances « enquête » sur les fonds activistes. Début avril, Bruno Le Maire (ci-dessus) a affirmé en marge d’une réunion à Bucarest : « Je réfléchis à de nouveaux instrument­s nationaux qui devront nous permettre de résister mieux à ces fonds activistes. »

En parallèle, une mission parlementa­ire, menée par Eric Woerth (ci-dessous), procède à des auditions sur ce sujet.

Il y a encore peu, le fonds apparaissa­it sous son nom in extenso, « Charity Investment Asset Management », ce qui leur a valu de multiples railleries. Depuis quand les financiers sont-ils charitable­s ? Inspirées par le fonds anglais TCI, elles reversent l’équivalent de 10 % de leur chiffre d’affaires à des oeuvres caritative­s. Catherine Berjal et Anne-Sophie d’Andlau connaissen­t toutes les accusation­s portées contre elles : « Court-termistes, bras armé d’on ne sait qui, déstabilis­atrices… » Ce à quoi elles répondent : « Nous sommes là pour déterminer le juste prix. » Et ce n’est pas un jeu. Les entreprise­s Zodiac, Canal +, Altice ou le groupe de cosmétique­s Alès (Lierac), qui ont eu à se frotter à elles, le savent bien. « Ce n’est pas la technique qui fait la différence. C’est la personnali­té. Elles savent se bagarrer, oui, et elles savent aussi prendre des décisions très fortes », souligne Didier Le Ménestrel, fondateur de la société de gestion La Financière de l’Echiquier, qui a tenté de rentrer au capital de CIAM. Le duo féminin vient de mettre à jour sa position chez Renault (moins de 1 %), acquise il y a un an, pour fustiger la propositio­n d’achat de Fiat et patiente désormais en attendant un potentiel nouvel acquéreur. Parfois, leurs campagnes ne créent pas d’étincelles médiatique­s, car les cibles jouent leur jeu et tentent de les amadouer. « Prenez le PDG du groupe alimentair­e Ahold Delhaize. Il nous a écrit directemen­t et a proposé de se déplacer dans nos bureaux pour discuter. C’est la bonne attitude à avoir », précise Catherine Berjal. Anne-Sophie d’Andlau : « Il ne faut pas tomber dans l’émotionnel. C’est l’erreur que font certains et ils oublient de se concentrer sur les faits. » Le taux de rendement annoncé de leurs fonds est séduisant : 11 % en moyenne ces cinq dernières années. Mais, face aux investisse­urs, Scor s’applique à démontrer qu’il est plus rentable de s’offrir directemen­t des titres de son entreprise (dont le cours a explosé sous l’effet Kessler) que de passer par CIAM pour gagner de l’argent sur son dos. A la guerre comme à la guerre

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